Monde merveilleux de l’art: ces histoires où les faussaires ont dupé les experts

Il est considéré que, dans les musées et les galeries d’art, il n’y a que des vraies toiles peintes par les artistes eux-mêmes. Sauf que l’art connaît mille et une histoires où des falsificateurs ont dupé des experts pendant des années. Voici trois histoires où les faussaires ont brillé autant que les artistes.
Sputnik

Les faux sont présents en quantité sur le marché de l'art et les spécialistes affirment le savoir. Par contre, faire la différence entre un vrai tableau et des falsifications n'est pas toujours facile, car les artistes ne sont pas les seuls à posséder de vrais talents. Parfois, des faussaires, qui ont commencé leur carrière en copiant des toiles connues, sont devenus artistes à la demande d'amateurs d'art grâce à leur réputation. Certains grands falsificateurs, qui ont produit des faux que même les meilleurs spécialistes n'ont pu différencier des originaux, ont aussi marqué l'histoire de l'art à travers les siècles. 

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D'après les statistiques, ce sont les toiles de van Gogh, Picasso et Gauguin, ainsi que celles des avant-gardistes russes, qui sont le plus falsifiées. Voici trois histoires où le talent d'un imitateur a égalé celui de l'artiste.

Qui était possédé par Vincent van Gogh après sa mort?

Le peintre allemand Otto Wacker, ayant découvert son talent de faussaire, a falsifié les tableaux de Vincent van Gogh et les a vendus dans sa boutique à Berlin. Les tableaux étaient d'une si grande précision que les plus grands experts n'ont pas pu distinguer pendant quatre ans un vrai van Gogh d'un faux. Le premier scandale remonte à une exposition organisée en 1928 à Berlin où Otto Wacker avait exposé 30 tableaux inconnus et prétendument signés par van Gogh. Ils étaient tous faux. Suite aux premières rumeurs, la police s'est intéressée à ce cas, car la somme de ces ventes pouvait être importante.

Otto Wacker avait raconté à ses clients une légende qui devait expliquer d'où provenaient ces «tableaux de van Gogh». Il expliquait qu'il les avait acquis auprès d'un aristocrate russe qui à son tour les avait achetés au début du siècle, et pendant la révolution avait eu la chance de les emporter de Russie en Suisse. Il refusait de donner son nom, disant que la famille de l'aristocrate, restée en Union soviétique, pourrait être arrêtée par les bolcheviks pour la perte d'un trésor national.

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Par contre, cette histoire ne lui a pas servi, car la police lors de la fouille dans son studio a trouvé encore 16 nouveaux «tableaux de van Gogh». D'après l'expertise menée, il s'est avéré que la technique de peinture de ces tableaux était similaire aux autres vendus par Wacker. De ce fait, malgré la qualité impeccable des faux, les experts ont affirmé que ceux-ci n'étaient pas des vrais Van Gogh. De plus, les chimistes ont déterminé que les peintures utilisées avaient été inventées après la mort de Van Gogh. Il existe une anecdote historique qui veut que l'un des experts de la défense de Wacker dans la salle du tribunal ait posé la question à un juge: «Mais commet saviez-vous que ce n'était pas van Gogh qui possédait un autre corps après sa mort et a continué à peindre?». Telle était leur volonté de prouver que ces tableaux n'étaient pas des faux. Otto Wacker a été condamné à trois ans de prison.

Ce n'est pas Vermeer, mais c'est génial!

Après la Deuxième Guerre mondiale, en 1947, un procès insolite s'est tenu aux Pays-Bas. Han van Meegeren, un peintre néerlandais et faussaire, a été accusé d'avoir vendu le patrimoine culturel national aux nazis. Il a notamment vendu des tableaux considérés comme étant peints par Johannes Vermeer à Hermann Göring. À l'époque, alors que de riches Néerlandais voulaient empêcher que des œuvres d'art de leur pays tombent aux mains de membres du parti nazi, un tel crime était passible aux Pays-Bas de la peine capitale. Sauf qu'un détail, apparu lors du procès, a renversé toute l'histoire.

​Han van Meegeren, risquant la peine de mort, a décidé d'avouer la falsification car, en effet, il ne s'agissait pas d'un tableau de Vermeer mais d'un faux de la main du faussaire. Il a fabriqué des contrefaçons imitant des tableaux d'artistes connus. Par contre, personne ne l'a cru à cause de la qualité du tableau vendu à Hermann Göring. Alors, Meegeren a proposé de faire un nouveau «tableau de Vemeer» sous les yeux des experts et des juges. Il y a été autorisé et en un an il a créé dans sa cellule en présence de témoins un nouveau «Vermeer», le tableau a été baptisé «Jésus parmi les docteurs».

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Après une enquête détaillée, menée par des experts internationaux commissionnés par la cour régionale de justice d'Amsterdam, ceux-ci ont confirmé que la peinture de Göring était en réalité un faux. Voici donc un exemple de plus montrant comment un faux a réussi à piéger des experts de l'art.

En guise de conclusion, la cour régionale n'a condamné Han van Meegeren qu'à un an de prison au lieu de la peine capitale. Malheureusement, le faussaire de génie n'est jamais sorti de prison car il y est mort après quelques mois d'incarcération.

Deux Gauguin et un «Vase de fleurs»

Le célèbre peintre français Paul Gauguin est aussi copié. Certains imitateurs inondent de temps en temps le marché de l'art à un point tel que deux tableaux ont été présentés aux enchères en même temps.

​En mai 2000, les maisons de ventes Christie's et Sotheby's ont reçu simultanément deux toiles identiques signées Paul Gauguin. Un «Vase de fleurs» venait de New York, l'autre de Tokyo. Le seul fait que deux tableaux arrivent en même temps a conduit les experts à penser que l'un au moins était faux. L'expertise a dévoilé que celui de Tokyo était une contrefaçon. Le vrai «Vase de fleurs» a été présenté par le marchand d'art new-yorkais, philanthrope et émigré iranien Ely Sakhai.

Quand la police a commencé son enquête, elle a découvert que des traces liées au faux tableau menaient à… Ely Sakhai. Sa collection renferme des toiles d'artistes tels que Claude Monet, Auguste Renoir et Marc Chagall. Mais chacun a son squelette dans le placard et Ely Sakhai ne faisait pas exception. Suite à l'enquête, il est apparu qu'il avait organisé un atelier où des peintres-immigrants chinois copiaient de vrais tableaux acquis par le galériste. Ely Sakhai a été condamné à 41 mois d'emprisonnement avec en prime pour résultat la perte du respect qu'on lui témoignait dans le monde de l'art.

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