Intervenant lors d’une conférence de presse à l’issue de pourparlers avec Souef Mohamed El-Amine, chef de la diplomatie comorienne, Sergueï Lavrov a rappelé que la France continuait à détenir illégitimement l’île de Mayotte malgré la décision de l’Onu qui avait reconnu son indépendance.
«Je rappelle qu’en 1974, conforment à une décision de l’Onu, un référendum sur l’indépendance des Comores a eu lieu et qu’en vertu de ce référendum, le verdict final devrait concerner les quatre îles. Mais la France, à la différence d'autres États, a décidé de ne pas reconnaître les résultats du référendum dans la forme dans laquelle l'Assemblée générale de l’Onu a décidé de le tenir. La France n'a pas reconnu l'indépendance de l'île de Mayotte et, malgré les nombreuses résolutions adoptées par l'Assemblée générale sur cette question, continue de tenir Mayotte de manière illégitime», a-t-il indiqué.
Le ministre a rappelé que la situation avec l’île de Mayotte devait être résolue en se basant sur la décision de l’Assemblée générale de l’Onu.
«Les pays qui ont organisé la sécession du Kosovo de la Serbie et de Mayotte des Comores et qui, à plusieurs reprises, cherchaient, en violation du droit international, à changer les régimes dans des États où ils jugeaient nécessaire de le faire, donnent des exemples flagrants de deux poids, deux mesures. J'espère vraiment que lors des discussions sur ce que devraient être les relations internationales dans l'ère actuelle, il sera décidé d'abandonner cette pratique une fois pour toutes», a conclu M. Lavrov.
Rappelons que l’archipel des Comores a obtenu le statut de territoire d’outre-mer après la Seconde Guerre mondiale. En août 1972, le Comité spécial de la décolonisation de l’Onu a inscrit l’archipel des Comores sur sa liste des territoires devant accéder à l’autodétermination. Un référendum a eu lieu en 1974. Plus de 90% des habitants de l’archipel ont voté pour son indépendance, mais les Français n’ont pas reconnu les résultats sous prétexte que la majorité des habitants de Mayotte ont voté contre. Néanmoins, les Comores sont devenues indépendantes et ont été admises à l’Onu. En 1976, la France a organisé un second référendum à Mayotte: les Mahorais ont voté pour le maintien de leur île au sein de la République française. L’Assemblée générale des Nations unies a considéré ce référendum «comme nul et non avenu» et a condamné la présence française à Mayotte.