Triomphe de Salvini au Sénat: l'Italie se ferme un peu plus aux migrants

Le Sénat italien a accordé le 7 novembre la confiance au gouvernement de coalition souverainiste sur un décret-loi concernant l'immigration et de la sécurité. Défendu ardemment par Matteo Salvini, ministre de l'Intérieur et patron de La Ligue, le texte opère un tour de vis sur le droit d'asile et facilitera l'expulsion des demandeurs «dangereux».
Sputnik

«Décret sécurité et immigration, 12h19, le Sénat approuve. Décret Salvini, une journée historique.»

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Le très populaire Matteo Salvini a remporté une grande victoire ce 7 novembre, dont il s'est félicité sur Twitter. Le Sénat italien a voté la confiance au gouvernement de la coalition souverainiste Mouvement 5 étoiles (M5S)-La Ligue concernant un décret-loi, visant notamment à mettre un tour de vis sur l'immigration dans la péninsule. Voté avec 163 oui, 59 non et 19 abstentions, dont celles de cinq sénateurs du M5S, qui sont opposés à ce texte, cette confiance est une étape supplémentaire vers l'application de ces mesures voulues par le patron de La Ligue et ministre de l'Intérieur.

​Malgré les réticences de plusieurs élus du M5S, qui avaient par ailleurs déposé des dizaines d'amendements, le texte n'a plus qu'à être adopté par la Chambre des députés avant fin novembre afin qu'il entre définitivement en vigueur. Un vote qui a tout de la formalité, vu la majorité dont dispose le gouvernement à la chambre basse du Parlement.

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Dans la batterie de mesure qu'il contient, on trouve pêle-mêle le remplacement des permis de séjour humanitaires, actuellement octroyés à 25% des demandeurs d'asile et d'une durée de deux ans, par divers autres permis, comme «protection spéciale», d'une durée d'un an, ou «catastrophe naturelle dans le pays d'origine», d'une durée de six mois.

«Nous devons accueillir ceux qui fuient les guerres, mais pour les migrants économiques, il n'y a pas de place. Celui qui s'enfuit de la guerre est mon frère, mais celui qui vient ici pour vendre de la drogue et créer le désordre doit rentrer dans son pays», a notamment lancé Matteo Salvini.

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L'Italie est actuellement secouée par la tragique histoire de Désirée Mariottini, lycéenne âgée de 16 ans retrouvée morte dans la nuit du 18 au 19 octobre dans un squat de Rome occupé par des vendeurs de drogue. Un témoin a assuré que des dealers avaient fortement drogué la jeune fille avec de l'héroïne avant d'abuser d'elle durant plusieurs heures. Plusieurs suspects ont été arrêtés, dont deux Sénégalais et un Nigérian, tous immigrés et privés de permis de séjour. Matteo Salvini s'est vite emparée de l'affaire afin de justifier la nécessité de durcir la politique migratoire et a essuyé les critiques de l'opposition, qui l'a accusé de récupération à des fins électorales.

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Un des points du décret-loi défendu par le ministre de l'Intérieur prévoit une procédure d'urgence visant à expulser tout demandeur se montrant «dangereux». Il réorganise également le système d'accueil des demandeurs d'asile. Ces derniers étaient au nombre de 146.000 fin octobre. Le texte prévoit de les regrouper dans de grands centres, par mesure d'économie. Il comporte également un volet sécurité, qui prévoit notamment de généraliser l'utilisation de pistolets électriques par les forces de l'ordre et la réorganisation de la gestion des biens saisis à la mafia.

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Le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) s'est fendu d'un communiqué, daté du 5 novembre, afin d'exprimer ses inquiétudes concernant un texte dont les mesures «ne fournissent pas les garanties adéquates, surtout pour les personnes vulnérables ou avec des exigences particulières, comme les victimes d'abus et de tortures». L'organisation onusienne en appelle à un sursaut législatif:

«Les législateurs ont encore le temps de faire la chose juste, non seulement pour les demandeurs d'asile et les réfugiés, mais aussi pour la longue et fière tradition de l'Italie en matière de respect des droits de l'homme.»

Quant au Conseil italien pour les réfugiés (CIR), il s'est dit «sérieusement préoccupé» par l'adoption de cette loi au Sénat. Il juge que

«l'abolition de la protection humanitaire va créer des milliers de personnes en situation irrégulière et dont un nombre très limité seulement pourra être rapatrié.»

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