Changement d'heure: le point sur les risques présumés

L’Europe a changé d’heure le week-end dernier et beaucoup se demandent si ce changement pourrait avoir un impact sur leur santé et leur bien-être. Interviewé par Sputnik, un docteur russe en médecine spécialisé dans ce domaine met en garde contre les effets néfastes de ce «jeu avec le temps» et explique comment on peut en sortir vainqueur.
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Le changement entre heure d'été et d'hiver, introduit en Europe à l'origine pour réaliser des économies d'énergie, suscite de vives oppositions et de récurrents débats sur sa suppression depuis des années. Dans ce contexte, ce sont les questions sanitaires qui provoquent la polémique la plus acharnée. Dans une interview accordée à Sputnik, Anna Goncharova, endocrinologue et docteur en médecine, a expliqué quel impact peut avoir le changement d'heure sur notre santé et en premier lieu, sur nos biorythmes.

«Les jours qui raccourcissent, un rythme de vie accéléré et des perturbations associées au niveau du métabolisme des neuromédiateurs (une substance chimique fabriquée par l'organisme et permettant aux cellules nerveuses de transmettre l'influx nerveux, ndlr), notamment la sérotonine, la dopamine et la mélatonine, sont à l'origine de dépressions saisonnières, de troubles du sommeil et de l'aggravation de maladies chroniques du système cardio-vasculaire», souligne-t-elle.

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Auparavant, poursuit-elle, les horaires de travail et de repos étaient orientés sur la longueur saisonnière d'un jour. «Maintenant, notre société impose un autre rythme de vie: il fait sombre quand on va travailler et il fait sombre quand on rentre chez soi.»

D'après le médecin, le changement d'heure a toujours un impact sur nos biorythmes et il n'est pas rare qu'il cause un profond malaise. «La nécessité de vivre avec son temps nous force à passer sous silence nos plaintes et à ne pas prêter attention à nos problèmes. Mais tout cela détériore l'état de santé général», indique-t-elle.

Compte tenu des perturbations au niveau des hormones et de la psyché, le médecin n'approuve pas «ce jeu avec le temps». Selon elle, l'organisme a besoin d'une certaine stabilité.

«Mais si le changement d'heure est inévitable, il faut dormir au moins 8 heures par jour et prendre des tisanes de plantes adaptogènes [des plantes augmentant la capacité du corps à s'adapter aux différents stress, quelles que soient leurs origines, ndlr] et de la mélatonine avant d'aller au lit», conseille le médecin.

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Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a présenté en septembre aux eurodéputés sa proposition de supprimer les deux changements d'heure annuels. Les États membres seront libres de rester soit à l'heure d'été, soit à l'heure d'hiver, puisque cela est de leur compétence.

Cette proposition doit désormais être adoptée par le Parlement européen et le Conseil de l'UE (l'instance regroupant les Etats membres) pour devenir effective. La Commission européenne demande aux pays de l'UE de transmettre leur choix d'ici la fin avril 2019 au plus tard. Si le calendrier proposé par Bruxelles est respecté, le changement d'heure du 31 mars 2019 serait ainsi le dernier passage obligatoire à l'heure d'été.

Contrairement à l'UE, la Russie a renoncé, depuis longtemps, au changement d'horaire pour revenir au temps universel compte tenu des dégâts engendrés par le changement d'heure: des problèmes de stress et de santé, en particulier dans le nord du pays où les matinées restent noires plus longtemps pendant l'hiver.

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