Œuvrant depuis quelques années pour l’organisation d’une enquête sur le taux anormal de bébés nés sans mains, bras ou avant-bras dans l’Ain, Emmanuelle Amar, directrice du Remera, registre des malformations congénitales de Rhône-Alpes, devra quitter son poste le 31 décembre prochain, annoncent des médias.
«On nous a dit que notre licenciement sera effectif le 31 décembre… sauf si une solution est trouvée d’ici là», a déclaré l’épidémiologiste citée par Le Parisien.
Cette annonce survient quelques jours après la décision prise par Santé publique France, qui relève du ministère de la Santé, de ne pas poursuivre les enquêtes sur les cas groupés de bébés nés avec des malformations dans l’Ain bien qu’il n’ait «pas d’explication commune à la survenue de ces malformations».
«Santé publique France dit assumer de ne pas chercher les causes des malformations survenues chez ces enfants […]. Que veut-on cacher? C’est très choquant», a déclaré la députée Génération Écologie et ex-ministre de l'Écologie Delphine Batho, d’après Le Parisien.
«Veut-on mettre la poussière sous le tapis?», se demande-t-elle.
La députée européenne écologiste Michèle Rivasi, spécialiste des questions d’environnement, appelle aussi à «chercher les causes», indique le journal.
«S’agit-il des pesticides? De produits chimiques? Du nucléaire? Ou d’une autre raison? On a l’impression que l’État fait tout pour étouffer l’affaire», a noté Mme Rivasi.
Selon le nouveau ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, interrogé par RTL le 19 octobre, «il s'agit de ne rien étouffer […]. C'est aux scientifiques de faire la preuve ou non qu'il y a des conséquences».
Sept cas d’enfants nés sans mains, bras ou avant-bras ont été recensés dans l’Ain entre 2009 et 2014, dans un rayon de seulement 17 km autour du village Druillat. Trois autres enfants sont nés avec un handicap identique en Loire-Atlantique entre 2007 et 2008. Et entre 2011 et 2013, quatre autres enfants avec les mêmes problèmes sont nés dans le Morbihan, dans la commune de Guidel.
Santé publique France a pourtant estimé le 4 octobre «qu’il n’y avait pas d’explication commune à la survenue de ces malformations» et a décidé de ne pas poursuivre les enquêtes sur le sujet.