Budapest considère que Kiev ne protège pas assez ses minorités après la publication d'une «liste de la mort», rassemblant les noms de binationaux et la mise en ligne d'une pétition demandant leur «expulsion collective».
«La politique anti-hongroise [de l'Ukraine] a atteint un nouveau niveau», a déclaré Levente Magyar, secrétaire d'État hongrois.
Cette région occidentale de l'Ukraine, frontalière de la Hongrie, est peuplée par une importante minorité magyarophone «effrayée», selon le secrétaire d'État, qui dénonce la publication deux jours plus tôt d'une liste de 313 noms identifiés comme ayant «juré allégeance à la Hongrie» sur le site ukrainien Myrotvorets.
«C'est une liste de la mort, puisqu'elle nomme les ennemis supposés de l'Ukraine. […] Il est déjà arrivé que des gens qui apparaissaient sur ce type de listes soient victimes de meurtre», dénonçait lors d'une conférence de presse Levente Magyar.
Parmi les personnes figurant sur cette liste, on retrouve le ministre des Affaires étrangères hongrois, même si la majorité d'entre eux sont des binationaux hongro-ukrainiens vivant en Transcarpatie.
Mais cette «liste de la mort» n'est pas le seul élément qui préoccupe Budapest. Le ministre hongrois a également fait part de son inquiétude quant à la publication, sur le site du parlement ukrainien, d'une pétition demandant «l'expulsion collective» des titulaires des deux passeports hongrois et ukrainien.
«C'est inquiétant, car le Parlement ukrainien donne libre cours à ces initiatives», a-t-il déclaré.
Depuis, de nombreux incidents impliquant des nationalistes ukrainiens ont eu lieu en Transcarpatie, ce qui a poussé les autorités hongroises à demander l'envoi d'observateurs de l'OSCE sur place en décembre dernier, après qu'un groupe de nationalistes ukrainiens ait arraché un drapeau hongrois et menacé la Hongrie.
Les relations se dégradent entre Budapest et Kiev au point que de chaque côté, on envisage le pire. Alors que le gouvernement hongrois, pour qui la défense des minorités est une priorité, a «demandé à son État-Major de mettre au point un plan d'intervention militaire» pour protéger les Hongrois sur place si nécessaire, Kiev a répondu en installant une base militaire en Transcarpatie et en déclarant publiquement «être prête à envoyer l'armée».