Paris, qui devrait participer au prochain sommet Allemagne-France-Russie-Turquie sur la Syrie initié par le Président turc Erdogan, devrait y préciser sa position après la récente déclaration d’Emmanuel Macron à l’Onu, a déclaré à Sputnik Bassam Abu Abdullah, directeur du Centre des études stratégiques de Damas (DCSS).
«La position de la France n’est toujours pas claire. Elle a un peu évolué. Le Président Macron a déclaré, lors d’une réunion plénière à l’Onu, qu’il fallait trouver des solutions politiques en Syrie et laisser le peuple syrien décider de son sort. C’est un petit pas en avant, mais nous avons déjà entendu des déclarations pareilles par le passé», a indiqué M.Abu Abdullah.
M.Abu Abdullah a rappelé que Paris et Damas avaient autrefois des liens étroits: les Français avaient une école et un centre culturel, le français était enseigné dans les écoles syriennes comme deuxième langue et la société Total travaillait dans le pays. Mais devenue «plus proche des États-Unis», qui défendent leurs propres intérêts, la France a beaucoup perdu, a noté M.Abu Abdullah.
Selon l’expert, il y a déjà de «bonnes personnes en France qui ont changé de position à l’égard de l’avenir de la Syrie et qui voient qu’on ne peut plus fermer les yeux sur le terrorisme».
«La France devrait modifier sa politique concernant la situation en Syrie. On pourrait alors discuter», a poursuivi Bassam Abu Abdullah.
Dans ce contexte, l’expert a insisté sur le fait que la réforme de la Constitution syrienne, prévue par la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l’Onu (2015), était une affaire intérieure de la Syrie et que les pays occidentaux et, entre autres la France, ne devraient pas essayer d’influer sur ce processus.
«En fin de compte, ce sera une solution à la question syrienne. La Constitution est syrienne, elle n’est pas française, et personne n’a le droit de s’immiscer dans ces affaires. Mais certains pays occidentaux croient qu’ils peuvent atteindre leurs objectifs par la voie politique là où ils n’ont pas réussi à le faire par les moyens militaires et par le soutien apporté au terrorisme. Ils n’y arriveront pas», a conclu M.Abu Abdallah.
D’après Celalettin Yavuz, conseiller pour la politique extérieure du chef du Parti d'action nationaliste (MHP), interrogé par Sputnik, le sommet devrait porter sur les moyens de garantir la sécurité et combattre le terrorisme dans le gouvernorat syrien d’Idlib, de prévenir une nouvelle vague de réfugiés, mais aussi d’en déloger les Américains qui s'appliquent à s'installer dans la région, en soutenant des unités kurdes armées et en y déployant de nouvelles bases.