Le monde scientifique est contre
Les expérimentateurs, financés par l'agence DARPA (Defense Advanced Research Projects Agency), utiliseraient des insectes pour transporter les virus infectieux génétiquement modifiés jusqu'à leur destination (une plantation de fruits, de légumes ou de céréales), écrit le quotidienIzvestia. Après leur arrivée à destination, les coléoptères ou les papillons dispersent les virus sur les plantes.
Des insectes porteurs de virus
Pendant l'été 2016 déjà, DARPA avait fait part de son idée de transformer des insectes nuisibles en «alliés dans la lutte pour les récoltes». Cependant, jusqu'à l'été 2017, aucune information concrète sur le programme surnommé Insect Allies n'avait été présentée au public.
Chacun des quatre groupes de recherche travaille parallèlement et même en régime de concurrence pour régler trois buts fondamentaux: fabriquer le virus, créer un insecte-vecteur (si besoin, en apportant des modifications à son code génétique) et déterminer les plantes qui «comprennent» que le virus l'attaque pour améliorer sa «santé».
Rapide et furtif
La différence entre la «contamination saine» et les méthodes traditionnelles de lutte contre les nuisibles est que dans le cadre du nouveau programme, le virus n'est pas dispersé avec des aérosols: la DARPA a exigé que cela soit fait par des insectes. La dispersion, que ce soit par avion ou par des moyens mobiles contrôlés par l'homme, est pourtant un processus bien plus simple et mieux contrôlable.
C'est pourquoi les auteurs de l'article sont inquiets. A commencer par le fait que le contrôle dimensionnel et temporel de la propagation des virus sera difficile. Les insectes sont complètement imprévisibles et les virus peuvent influencer aussi bien les graines que les plantes adultes.
De plus, l'appel aux insectes ne représente aucun intérêt. Si l'objectif consiste à éliminer les parasites et assurer des récoltes abondantes, qui plus est inoffensives pour l'homme, il est plus simple et pratique de recourir à des équipements agricoles de dispersion.
Une telle arme pourrait permettre à un agresseur de détruire des récoltes sans recourir à l'utilisation d'équipements spéciaux susceptibles d'être visuellement détectés.
Tout comme on ne retrouverait aucune trace de la propagation de substances chimiques ou toxiques qui pourraient servir de preuves indirectes d'une attaque intentionnelle et non naturelle contre les plantes.
Une question sans réponse
Le programme Insect Allies correspond-il aux normes de biosécurité de l'humanité? Personne ne le sait, et c'est pourquoi les spécialistes sont inquiets. Les auteurs de l'article demandent à la DARPA d'assurer une plus grande transparence dans son travail et ses résultats. De leur point de vue, il n'existe aucune garantie que cette recherche n'enfreindra pas la Convention sur l'arme biologique.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.