Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir? Afin de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C d'augmentation, il est indispensable de modifier «rapidement, radicalement et de manière inédite tous les aspects de la société», préconise le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) dans son dernier rapport.
Comment se manifestera la différence de température sur Terre? Le GIEC a étudié deux scénarios possibles, l'un à +1,5°C et l'autre à +2°C, à travers un «rapport spécial», «élément scientifique clé», rendu public ce lundi 8 octobre.
Depuis l'ère industrielle, il a fallu 100 ans pour que la température augmente de 1°C. Mais il n'en faudra que 50 autres pour qu'elle augmente d'un degré supplémentaire, et à ce stade, toute altération de la température, «aussi minime soit-elle, peut avoir des conséquences», avertit Hans-Otto Pörner, coprésident de l'un des groupes de travail.
Certaines conséquences pourraient être évitées si le réchauffement climatique était limité à 1,5° et non 2°C. Variable en fonction des pays et des régions, le réchauffement fixé à 1,5°C promet déjà des vagues de chaleur plus intenses, des pluies plus importantes, une biodiversité qui se dégrade, des rendements amoindris… le corail pourrait disparaître totalement et la montée des eaux, due à la fonte des glaces, menacerait des millions de personnes d'États côtiers ou insulaires…
À l'horizon de 2100, si le réchauffement est limité à 1,5°, le niveau de la mer serait «inférieur de 10 cm à celui qui risquerait d'être enregistré s'il était limité à 2°C». Dans le meilleur des cas, le niveau augmenterait de 48 cm, impacterait 46 millions de personnes et détruirait 70 à 90% des récifs coralliens… Avec un réchauffement à 2°C, les océans remonteraient de 56 cm, toucheraient 49 millions de personnes, et 99% des coraux seraient détruits.
Le constat est tragique pour la faune et la flore: avec un réchauffement à 2°C, 18% des insectes pourraient disparaître, 16% des plantes, 8% des vertébrés, contre 6% des insectes, 8% des plantes et 4% des vertébrés à un réchauffement de 1,5°C.
«Du point de vue des lois de la physique et de la chimie, la limitation du réchauffement planétaire à 1,5°C est possible, mais il faudrait, pour la réaliser, des changements sans précédent», a ajouté Jim Skea, coprésident du Groupe de travail III du GIEC.
C'est la «bonne nouvelle» — pour les plus optimistes — que saisissent les organisations de défense environnementale. L'ONG WWF appelle à un «big bang». Si ce rapport est, sans surprise, alarmiste, il énonce néanmoins des solutions… dont la plupart sont sous notre nez:
En résumé, il faut réduire très vite et massivement les émissions de gaz à effet de serre, produit principalement par les énergies fossiles… Pour rester à 1,5°C d'augmentation, il faut faire chuter les émissions de CO2 (-45% d'ici 2030 par rapport à leur niveau de 2010), pour arriver, vers 2050, à une «neutralité carbone», c'est-à-dire cesser de mettre dans l'atmosphère plus de CO2 que l'on ne peut en retirer.
En tout, 91 experts de 40 pays ont planché sur ce rapport de 400 pages, validé par 195 États. Un «résumé à l'intention des décideurs politiques» a été publié lundi 8 octobre 2018… La balle est désormais dans leur camp. Sauront-ils la saisir?