Le journaliste Peter Coy a décrit, dans un article publié par Bloomberg, l'affaiblissement du rôle du dollar dans l'économie mondiale observé ces derniers temps.
«Maintenant, le paradoxe du dollar montre des signes d'éclaircissement. Les dirigeants politiques qui avaient jadis accepté l'hégémonie du dollar, à contrecœur ou non, reculent», écrit l'auteur.
Par exemple, le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a en septembre qualifié d'«absurde» la situation dans laquelle les Européens sont obligés d'acheter leurs propres biens en dollars. De même, le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a ouvertement déclaré vouloir des instruments financiers totalement indépendants des États-Unis, rappelle le média.
Un tel changement dans les rapports de force est une mauvaise nouvelle pour les États-Unis, estime Peter Coy. Le risque immédiat pour le dollar est principalement dû à la politique américaine de sanctions financières, y compris contre ses alliés à travers le monde, poursuit-il.
Les dirigeants de l'UE, en réponse à l'empiètement sur leur souveraineté économique, travaillent ouvertement sur un système de paiement qui permettrait aux entreprises européennes de faire des affaires avec les pays frappés par des sanctions sans risque de représailles de la part des États-Unis, écrit le journaliste.
Même si l'Europe ne résout pas rapidement le problème du contournement des sanctions américaines, le simple désir de le faire devrait être considéré comme le symptôme d'un mécontentement généralisé face à la domination du dollar, qui ne fait que croître, selon l'article.
Les relations entre les États-Unis et l'Union européenne se sont aggravées dans le contexte du retrait de Washington de l'accord nucléaire avec l'Iran et de l'introduction de droits de douane sur l'acier et l'aluminium, ainsi que des menaces suscitées par la reprise de la politique de sanctions contre l'Iran et les sociétés européennes y opérant.
À son tour, la Russie, cherchant à réduire son exposition au dollar, achète activement de l'or et vend des obligations du gouvernement américain.
La guerre commerciale entre Pékin et Washington gagne également du terrain, alors que la Chine a réduit ses investissements dans la dette du gouvernement américain de 7,7 milliards de dollars, ce qui représente un minimum au cours des six derniers mois, conclut l'article.