L'Europe et la Russie plus proches qu'on ne le croit, selon l'ambassadeur de l'UE à Moscou

Selon Markus Ederer, ambassadeur de l'Union européenne en Russie, il faut sauver les relations entre les deux parties et remédier à une «absence totale de confiance». Répondant à la question de Sputnik, le diplomate a expliqué pourquoi l'Allemagne ou d'autres pays membres ne devraient pas jouer le rôle d'intermédiaires.
Sputnik

Tenant un discours à Moscou lors d'un rendez-vous avec des représentants d'ONG et des citoyens russes, l'ambassadeur de l'UE en Russie, Marcus Ederer, a évalué les rapports existant entre la Russie et l'Union européenne ainsi que la perspective des Etats membres de jouer un rôle d'intermédiaire dans ce processus.

«Nous essayons de sauver ce qu'il est possible de sauver dans nos relations car nous avons de graves désaccords sur les dossiers tels que l'Ukraine ou la Syrie, sur les méthodes de résoudre ces problèmes internationaux, a déclaré M.Ederer. Chacun croit que l'autre mine son système politique, il s'agit d'une absence totale de confiance».

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Comme la Russie et l'UE sont «les plus grands voisins sur le continent», l'ambassadeur a exprimé le souhait que «l'enrichissement réciproque aurait certains résultats». Pour autant, interrogé par Sputnik sur le fait que l'Allemagne pourrait jouer un rôle plus important dans la normalisation des rapports, Marcus Ederer n'a pas trouvé cette solution très prometteuse.

«En tant qu'ambassadeur de l'UE, je suis toujours sceptique lorsqu'un des États membres souhaite servir de médiateur pour l'UE avec quelqu'un d'autre. J'ai entendu parler de la volonté de certains membres de devenir des intermédiaires entre nous et la Russie, mais ces pays, dont l'Allemagne, font partie de l'UE, donc comment peuvent-ils être médiateurs? Certains pays entretiennent de meilleures relations avec certains États tiers, mais je suis sceptique à propos de cette conception de "médiateur" quand il s'agit d'un membre du groupe des 28 et d'un État concerné. Cela ne va tout simplement pas».

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L'ambassadeur de l’UE en Russie, Marcus Ederer
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L'ambassadeur de l’UE en Russie, Marcus Ederer, lors d’un rendez-vous avec des représentants d’ONG et des citoyens russes

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À la question de savoir s'il existait entre la Russie et l'Europe un soi-disant «mur abstrait», l'ambassadeur n'a pas constaté d'obstacles sur le chemin du rapprochement de deux pays.

«Je m'interroge si nous arriverons un jour à ce que la Fédération de Russie présente une demande d'adhérer à l'UE», a indiqué M. Ederer. «Nous ne devons jamais arrêter de réfléchir aux moyens de faire rapprocher nos systèmes, comment nous pouvons les rendre plus compatibles, comment nous pouvons vivre sur cet espace eurasiatique et faire du business, avoir des projets de productivité dans un contexte humain.»

L'Europe, de son côté, ne cherche pas à apprendre aux autres pays comment il faudrait vivre ou se comporter, a-t-il poursuivi.

«Nous n'allons jamais oser nous immiscer dans l'organisation [interne] de la Russie, c'est une règle de fer».

«Nous ne sommes pas ici en mission pour donner des leçons ni dire à quelqu'un comment il doit organiser sa communauté», a-t-il ajouté.

Alors que la Russie est un pays constamment en quête d'une voie unique entre l'Asie et l'Europe, l'ambassadeur est persuadé que la Russie est plus proche du Vieux continent que l'on peut le penser.

«Je n'ai jamais eu d'idée que la Russie soit plus influencée par la culture asiatique que la culture européenne. Si l'on jette un regard sur notre histoire, les échanges réciproques même entre nos dirigeants, Pierre le Grand, Cathérine II, si l'on se rappelle nos compositeurs, poètes et écrivains… Je veux dire que je vois [ici] l'Europe partout», a résumé M.Ederer.

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