La découverte des originaux des «lettres hérétiques» de Galilée est relatée par le service des actualités de la revue Nature.
«Étonnamment, ces lettres n'étaient pas cachées: elles étaient exposées de manière ouverte à la bibliothèque de la Royal Society (Société royale de Londres pour l'amélioration des connaissances naturelles). Personne ne les a remarquées pendant des siècles, comme si elles étaient invisibles ou transparentes. Je suis ravi que nous ayons réussi à trouver l'une des premières «déclarations d'indépendance» de la science vis-à-vis de la religion», a déclaré Franco Giudice de l'université de Bergame.
Le feu de la connaissance
Galilée, Giordano Bruno et Nicolas Copernic sont traditionnellement considérés comme les premiers «martyrs de la science», dont la vie a été prise ou sévèrement touchée à cause du conflit entre leurs intérêts scientifiques et les dogmes de l'Église catholique.
Dans tous ces cas, c'est la structure du système solaire et du cosmos qui a constitué la pierre d'achoppement. L'Église était attachée au modèle géocentrique de Ptolémée, qui plaçait la Terre au centre de notre famille planétaire et de tout l'Univers, alors que les trois pionniers de l'astronomie contemporaine ont remis en question ce postulat.
En 1610, Galilée a découvert les phases de Venus, les satellites de Jupiter et d'autres corps célestes et phénomènes qui ne cadraient pas avec les doctrines de l'Église catholique. Au départ, ses livres et découvertes n'avaient pas attiré l'attention du clergé et du public, mais la situation a brusquement changé.
Cette lettre, note Franco Giudice, est passée de mains en mains et a fait énormément de bruit, marquant le point de départ de l'inquisition contre Galilée. Son original était considéré comme perdu, alors que Galilée affirmait qu'une partie des copies de cette lettre circulant dans le milieu ecclésiastique et mondain était contrefaite. C'est pourquoi, pendant longtemps, les historiens n'arrivaient pas à se mettre d'accord pour déterminer ce que Galilée avait réellement écrit et si ses propos avaient été déformés.
L'autocensure scientifique
Franco Giudice et son collègue Salvatore Ricciardo de l'université de Cagliari ont découvert par hasard l'original de cette lettre en analysant les commentaires des contemporains au sujet des travaux de Galilée. Début août, ils étudiaient les catalogues de documents conservés à la bibliothèque de la Royal Society, l'une des premières académies scientifiques du monde.
Dans l'un de ces catalogues Ricciardo et Giudice ont trouvé les mentions d'une lettre d'un «expéditeur inconnu» reçue par Castelli en décembre 1613. En regardant la photo de ce texte, les historiens italiens ont noté les initiales «G.G.» et ont supposé qu'il avait été écrit par Galilée.
Ayant réussi à convaincre la direction de la bibliothèque de leur montrer les sept pages de cette lettre, les chercheurs l'ont comparée à d'autres lettres de Galilée et ont confirmé qu'elle avait effectivement été écrite par le grand astronome. En la lisant, les scientifiques ont découvert que l'«hérétique» avait apporté de multiples modifications au texte en assouplissant considérablement son contenu.
Cependant, tout cela n'a pas aidé Galilée: ses livres ont été officiellement interdits, et l'astronome a été privé du droit d'enseigner, d'exprimer ses idées ou de défendre l'«hérésie de Copernic» trois ans après la publication de la lettre.
16 ans plus tard il a été officiellement condamné par l'Inquisition et assigné à résidence après la publication de sa principale œuvre, Dialogue sur les deux grands systèmes du monde, qui a été qualifiée par les hiérarques de l'Église d'outrage au pape Urbain VIII.