Prise en charge des enfants handicapés: «Ça fait 13 ans qu’on est patients»

Une mère qui rappe pour interpeller Macron sur le handicap, trois autres qui escaladent une grue pour dénoncer le manque d’assistants de vie scolaire pour enfants... Ces familles veulent briser le tabou qui entoure la prise en charge des enfants handicapés à l’école.
Sputnik

«Si c'était si facile, on ne monterait pas sur des grues»,

déclare Jean-Luc Duval, président du collectif Citoyen handicap et mari de l'une des deux mamans perchées, qui a fait de ce type d'action «sa signature». Père de deux enfants autistes, contraint à vivre du RSA faute d'assistance adaptée au handicap de ses jumeaux, il est à bout:

«Actuellement, plus de 10.000 enfants sont abandonnés dans les écoles sans auxiliaires de vie scolaire depuis la rentrée. Ce nombre augmente, car les auxiliaires démissionnent étant donné les conditions de travail», fustige-t-il.

Mercredi 19 septembre, trois mères d'enfants handicapés ont grimpé en haut d'une grue, à Lille et à Strasbourg, pour alerter la secrétaire d'État chargée du handicap, dénoncer le manque d'auxiliaires de vie scolaire (AVS) et réclamer davantage de moyens. Le jour d'après, c'était une autre maman, Lucie Michel, qui, en rappant, alertait M. Macron de son combat quotidien pour faire scolariser son fils. Elle aussi a dû cesser de travailler pour s'occuper de son enfant et vit avec le RSA.

Des situations similaires et un désarroi grandissant: «Il y a sérieux soucis de recrutement», alerte Jean-Luc Duval. Heures d'accompagnement supprimées, contrats aidés non renouvelés, écoles spécialisées saturées qui renvoient les élèves en école ordinaire, quand celles-ci les acceptent: «C'est une accumulation».

«La consigne du Ministère, actuellement, c'est de prendre les enfants à l'école quoiqu'il arrive. Seulement, deux semaines après être rentrés à l'école, des enfants sont renvoyés à la maison parce que les enseignants ne peuvent pas les gérer», explique-t-il, «On le comprend aisément […] mais comme rien n'est décidé derrière, on ne sait pas pour combien de temps.»

Depuis leur action coup de poing, seules deux académies, celles de Lille et Strasbourg ont relancé des recrutements. La secrétaire d'État chargée du handicap, Mme Cluzel, avait alors réagit sur Europe1, «Ce n'est pas en montant en haut des grues qu'on se fait entendre», et souligné que 340.000 élèves handicapés avaient pu faire leur rentrée «Il y a encore des ajustements de recrutement, je ne vais pas le nier […] Mais on a une vraie amélioration».

«On compte 110.000 accompagnants pour 175.000 enfants pouvant bénéficier d'un accompagnement avec une augmentation de 3.584 équivalents temps plein», s'est défendu le ministère de l'Éducation auprès de 20 Minutes «Nous espérons trouver une solution pour tout le monde d'ici les vacances de Pâques.»

«Les vacances de Pâques, c'est en avril, l'année scolaire est quasiment terminée, donc ces enfants perdent un an de scolarité», regrette M. Duval: «Ca fait 13 ans qu'on est patients.»

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