Les systèmes américains de défense antiaérienne déployés au Japon ne garantissent pas sa sécurité, estime Alexandre Panov, ambassadeur russe à Séoul entre 1992 et 1993 et à Tokyo entre 1996 et 2003, et ancien vice-ministre russe des Affaires étrangères, interrogé par Sputnik lors de la conférence consacrée aux perspectives de la signature d'un accord de paix entre la Russie et le Japon. Il a suggéré que Tokyo puisse considérer la possibilité d'acheter les systèmes russes S-400 à l'instar de la Turquie et de l'Inde.
«Le système Patriot installé près du ministère japonais de la Défense ne sert à rien […] Si la Corée du Nord lance 200 missiles, il sera inefficace […] Je crois que si le Japon achetait nos systèmes S-400, le problème des missiles nord-coréens serait résolu», a-t-il expliqué.
«Tokyo déclare et garantit que ce système est entièrement contrôlé par le Japon et qu'il ne vise pas un possible lancement de missiles russes […] Cela peut être inscrit dans le traité d'amitié, de bon voisinage et de coopération dont nous avons parlé aujourd'hui», a-t-il résumé.
Il s'est également prononcé sur une possible participation des militaires japonais aux prochains exercices militaires Vostok. Auparavant, Itsuro Nakamuro, politologue et professeur de l'Université de Tsukuba, avait indiqué que cette question serait à l'ordre du jour du déplacement du chef de l'état-major interarmées de la force d'auto-défense japonaise en Russie prévu au mois d'octobre.
«Si les Japonais veulent y assister, s'ils y sont invités, cela sera parfait», a-t-il indiqué.
M.Panov a également évalué les perspectives de la coopération militaire russo-nippone dans le contexte des sanctions occidentales qui frappent le secteur militaire russe.
«En ce qui concerne notre coopération militaire, elle se développe de manière assez intensive. Il s'agit du domaine visé par les sanctions américaines et européennes. Mais le Japon poursuit des échanges et des rencontres «2+2» [entre les ministres de la Défense et des Affaires étrangères des deux pays, ndlr]», a-t-il précisé.
«Je veux rappeler un évènement historique qui nous attend cette année. Il s'agit de l'entrée de navires russes dans le port d'Hakodate pour la première fois […] Du point de vue psychologique et politique, et de celui du rapprochement entre les deux pays, il est difficile de surestimer l'importance de cet évènement.»
Pour rappel, lors du Forum économique oriental de Vladivostok qui s'est déroulé du 11 au 13 septembre, Vladimir Poutine a proposé au Premier ministre japonais Shinzo Abe de conclure un traité de paix d'ici la fin de l'année 2018. Suite à cette rencontre, le politologue Itsuro Nakamuro a également suggéré que Moscou, Tokyo et Pékin pourraient former une alliance militaire afin de garantir la sécurité dans la région.