Sa déclaration du 12 septembre à France-Inter n'en est pas moins étonnante: "Aujourd'hui, on me contraint, envers et contre tous les principes de la démocratie française. (…) Parce qu'on m'explique qu'on va m'envoyer des gendarmes et des policiers. (…) Je vais venir, à la convocation. Parce qu'on me menace. On me menace vraiment d'une manière directe."(1)
Cette déclaration met fin au mouvement de tango auquel se livrait M. Benalla depuis ces derniers jours, une fois se disant « prêt » à se rendre devant le Sénat, une autre fois disant que, puisqu'il était partie prenante à une procédure judiciaire, il ne « pouvait pas » s'y rendre. Surtout, voilà qui relance l'affaire Benalla, un affaire impliquant les plus hauts sommets de l'Etat.
Benalla: un pitre qui ne fait rire personne
Bref, M. Benalla se comporte en pitre. Mais, il faut se rappeler que les charges qui pèsent sur lui sont politiquement extrêmement lourdes. Ce qui met donc en danger la démocratie en France n'est pas qu'il ait été convoqué et qu'on lui ait rappelé qu'il ne pouvait se soustraire à cette convocation. Ce sont les faits qui lui sont reprochés et les comportements qui ont entouré ces faits, comme la constitution d'une cellule de sécurité en dehors de toutes les règles et hors de tout contrôle, qui constituent une réelle menace pour la démocratie. Et c'est là que la responsabilité du Président se trouve, directement ou indirectement, mise en cause.
Le déshonneur de Nicole Belloubet, Ministre de la justice
Madame Belloubet, ci-devant Ministre de la Justice, a pris fait et cause pour Alexandre Benalla. Elle a déclarée le 11 septembre: "Il ne doit pas y avoir d'interférence entre une commission d'enquête parlementaire et une information judiciaire (…) au nom de la séparation des pouvoirs" (5). Cette déclaration est grave, et Paul Cassia, constitutionnaliste, le montre dans une interview donné à l'hebdomadaire Marianne (6).
Le problème est que Madame Belloubet ministre de la justice, se constitue conseiller juridique de M. Benalla. Qu'elle le fasse, si elle le veut, mais qu'elle démissionne d'abord de sa fonction ministérielle. Le rôle du Ministre n'est pas de prendre parti en cette affaire. De ce point de vue, on a du mal à concevoir qu'en bonne logique elle puisse se maintenir à son poste.
S'il y avait un conflit de compétence, ce qui n'avait visiblement pas soulevé de problèmes lors d'autres affaires, c'était à une cour de dire le droit. Car, la Ministre de la justice est elle-même tenue par le droit; elle n'en est pas le gardien. Ce sont les cours de justice ET le législateur (l'Assemblée nationale et le Sénat) qui peuvent jouer ce rôle et non une Ministre.
La décomposition de l'Etat sous l'action d'Emmanuel Macron
La pratique politique d'Emmanuel Macron inquiète de plus en plus de français, et à juste titre. Oui, la démocratie est aujourd'hui mise à mal en France. Mais, ce n'est pas en raison de la convocation devant la commission d'enquête de M. Benalla comme ce dernier le prétend. La démocratie est mise à mal par l'action et par le comportement du Président de la République, et par les effets que cela induit sur ses amis politiques. Nous en sommes donc la en France en ce mois de septembre de 2018.
(2) https://www.youtube.com/watch?v=mMXdzbLiTvc
(3) Ordonnance 58-1100, https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000705067
(4) Article 5 bis de l'ordonnance 58-1100. Voir aussi: https://www.lexpress.fr/actualites/1/societe/affaire-benalla-le-debat-s-enflamme-pour-la-reprise-des-travaux-du-senat_2034812.html
(5) https://fr.news.yahoo.com/belloubet-juge-laffaire-benalla-instrumentalisée-065909126.html
(8) C’est aussi le cas de l’article 5-ter : https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do;jsessionid=78CA6530DA999C80680201540A17178C.tplgfr38s_2?idArticle=LEGIARTI000023519111&cidTexte=LEGITEXT000006069203&dateTexte=20180912
(9)https://fr.news.yahoo.com/belloubet-juge-laffaire-benalla-instrumentalisée-065909126.html
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