«Le Pentagone étudie différents scénarios militaires, mais M. Trump n'a pas encore décidé ce qui serait considéré comme un prétexte suffisant à une riposte militaire, et si les États-Unis pourraient cibler les forces russes et iraniennes qui aident M. al-Assad en Syrie», écrit le Wall Street Journal, citant des fonctionnaires américains anonymes, écrit le quotidien Gazeta.ru.
«Nous n'avons pas affirmé que les États-Unis utiliseraient nécessairement la force militaire en réponse à une attaque éventuelle. Nous possédons également des outils politiques et économiques. Il existe plusieurs options de riposte si Bachar al-Assad faisait ce pas dangereux et imprudent», indique une source haut placée du quotidien à la Maison blanche.
Le Ministère russe de la Défense a déjà prévenu que certaines forces préparaient en Syrie une provocation chimique appelée à servir de prétexte à des frappes américaines, britanniques et françaises contre des sites du pouvoir syrien.
La ministre allemande de la Défense Ursula von der Leyen souligne que Berlin ne se décidera qu'en cas d'utilisation d'armes chimiques contre les civils par les forces du président Bachar al-Assad.
«Nous constatons ici la stratégie classique de Donald Trump, qu'il met en œuvre de manière cohérente depuis son parcours très efficace dans le monde des affaires: le président américain joue la surenchère pour faire ensuite certaines concessions, mais obtient dans tous les cas un accord selon ses propres conditions, et certains avantages», explique Sergueï Oznobichtchev, directeur de l'Institut d'études stratégiques et d'analyse.
Selon lui, même si Donald Trump met en œuvre cette stratégie dans le monde entier, il vaut mieux s'en abstenir dans le cas de la Russie car ce seraient «des efforts vains».
«Malgré le fait que la presse a diffusé les propos de Donald Trump sur des frappes éventuelles contre les forces russes, il n'y a aucun tweet original du président américain sur ce thème. Il n'y a rien à l'exception d'une référence à des personnes anonymes. Qui plus est, cela pourrait même être une certaine interprétation des propos de Donald Trump. On ne sait pas comment il l'a dit, ni dans quelles circonstances. Peut-être est-il tout simplement passé près des journalistes à l'entrée d'un bâtiment. On lui aurait demandé: «Êtes-vous prêt à frapper les Russes?» «Évidemment», aurait-il répondu avant de reprendre son chemin. Ce scénario est tout à fait plausible», estime Sergueï Oznobichtchev.
Selon lui, Donald Trump, en tant que politicien sérieux, ne souhaite pas une telle évolution de la situation: «La Russie et les États-Unis mènent une sorte de match certainement dangereux, mais arrangé. Il existe parfois des accidents voire des blessures sérieuses, mais ce match reste arrangé. Les deux parties échangent des informations sur leurs actions».
D'après l'expert, Donald Trump pourrait certainement lancer des frappes contre la Syrie sans prévenir la Russie. Cette opération pourrait l'aider à renforcer ses positions à l'intérieur des États-Unis. En tant que leader de l'Amérique qui doit, selon lui, retrouver sa grandeur, Donald Trump ne peut tout simplement pas quitter la Syrie.
«La Russie ne peut pas accepter ne serait-ce que la possibilité d'une dégradation future de ses relations avec les États-Unis. C'est trop dangereux. A mon avis, les politiciens et les militaires américains le comprennent parfaitement eux aussi. Leur image de grandes puissances mondiales pèse dans tous les cas sur les USA et sur la Russie», explique-t-il.
Mais si Donald Trump décidait de cibler les forces russes en Syrie, cela se solderait inévitablement par une riposte de Moscou — comme l'a annoncé dès le 13 mars dernier le général Valéri Guérassimov, chef de l'état-major général de l'armée russe.
Ainsi, même une provocation d'envergure limitée pourrait se solder par des échanges de frappes et une escalade du conflit.
Et comme les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et l'Allemagne feront face à la Russie, il n'est pas exclu qu'un incident peu important puisse provoquer une guerre mondiale.
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.