Pavlenski, réfugié russe incarcéré en France: «on traite les prévenus comme des animaux»

L'artiste russe Piotr Pavlenski, réfugié politique russe en France connu pour ses performances choquantes, a détaillé les conditions de détention dans la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis, où il s'était vu interné après avoir mis le feu à une succursale de la Banque de France.
Sputnik

Interné dans la maison d'arrêt de Fleury-Mérogis pour avoir incendié une succursale de la Banque de France, le réfugié politique russe Piotr Pavlenski a partagé son expérience avec sa compagne, Ksenia Oksman. Sur sa page Facebook, Ksenia a précisé que Piotr, qui se proclame artiste-performeur russe, a passé un mois au régime général, puis un mois au quartier disciplinaire pour être ensuite placé à l'isolement.

«Les provocations des surveillants ont débuté le 1er août à Fleury-Mérogis avec pour but d'écraser et de soumettre», a-t-elle écrit. «On traite les prévenus comme des animaux, ce qui est inacceptable pour toute personne qui se respecte».

Dans son post, sa compagne publie les détails d'une détention dans la prison de Boutyrka, à Moscou, puis à Fleury, décrits par Piotr. Après quelques lignes relativement calmes consacrées à Boutyrka, Piotr fait part de son expérience moins agréable à Fleury-Mérogis:

«A Fleury, une foule de 5-10 gardiens le plaquent au sol, l'étouffent jusqu'à ce qu'il hurle, lui font des clés de bras et lui serrent les menottes derrière le dos suffisamment fort pour arracher la peau des poignets et écrasent les jambes nues du prévenu avec leurs rangers. Si l'occasion se présente, ils l'écrasent contre un mur ou maintiennent ses jambes avec un bouclier.»

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Les précisions de Pavlenski concernent notamment le mois d'août, qui s'est visiblement avéré être l'un des plus durs pour lui. «Régime spécial de convoyage et de fouille», dit-il, avant d'ajouter que vers la fin du mois «tout s'est aggravé» lorsqu'il a été remis à l'isolement.

«Il est évident que l'administration pénitentiaire se moque de moi. Chaque fois ils créent des conditions dont l'un des aspects au moins est inacceptable», conclut-il.

L'artiste Piotr Pavlenski, connu pour ses performances extrêmes, dont l'incendie des portes du siège du FSB à Moscou en 2015, a fui la Russie et obtenu l'asile politique en France en mai 2017. Au mois d'octobre 2017, il a donné libre court à son «art» déjà sur le sol français en mettant le feu aux murs d'une succursale parisienne de la Banque de France située sur la place de la Bastille lors d'une performance baptisée par lui «Éclairage». Par la suite, il a été interpellé et transféré dans la section psychiatrique de la préfecture de police.

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En Russie, Pavlenski avait aussi été interpellé et traduit en justice pour certaines de ses performances et avait été soumis à des examens médicaux. L'homme avait quitté la Russie à la suite de l'ouverture d'une enquête pour une agression sexuelle dont une actrice avait déclaré être victime, ce qu'il nie.

Par ses performances, il prétendait dénoncer le gouvernement russe. En 2012, l'artiste s'était cousu les lèvres en soutien au groupe de punk rock féministe des Pussy Riot, dont des membres avaient été condamnées à deux ans de prison pour avoir improvisé une «prière punk» devant l'autel de la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou. En 2013, il n'hésita pas, par exemple, à se clouer la peau de ses testicules sur les pavés de la place Rouge.

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