L’assistance économique allemande rendrait la Turquie «dépendante de Berlin»

Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas, qui se trouve actuellement à Ankara en visite de travail de deux jours, discute avec les dirigeants turcs des relations bilatérales, de la situation à Idlib, en Syrie, et d’une assistance économique à apporter à la Turquie en crise. Une journaliste turque commente la situation pour Sputnik.
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L'Allemagne considère avant tout la Turquie comme une force capable de retenir l'afflux de réfugiés et protéger ainsi l'Europe face à cette menace, a déclaré à Sputnik Dilek Zaptçioglu, journaliste turque qui vit et travaille depuis longtemps en Allemagne.

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«Bien que formellement le processus de négociations sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne se poursuive, en réalité, rien ne se fait pour qu'un progrès soit réalisé en ce sens. On peut affirmer avec certitude à 99,9% que la Turquie ne sera pas admise à l'UE dans un avenir prévisible», a poursuivi l'interlocutrice de l'agence.

Et d'expliquer qu'il était très important pour l'UE en général et pour l'Allemagne en particulier que la Turquie continue de servir de «bouchon» qui retienne le flux de migrants.

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«Aussi, les autorités allemandes se sont-elles déclarées prêtes à soutenir économiquement la Turquie en période actuelle de crise. Quoi qu'il en soit, une assistance de ce genre n'est jamais désintéressée. Et les négociations à huis clos du ministre allemand des Affaires étrangères à Ankara porteraient sans doute sur ce que Berlin demandera à la Turquie en échange de ce soutien», a estimé Mme Zaptçioglu.

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Elle a rappelé que les sociaux-démocrates et les Verts allemands qui avaient autrefois largement contribué au lancement du processus de négociations d'adhésion de la Turquie à l'Union européenne n'avaient plus de sièges au parlement, alors que les positions de ceux à Berlin qui ne veulent pas voir la Turquie au sein de l'UE s'étaient beaucoup confortées.

«En tant que locomotive de l'UE, l'Allemagne s'applique à organiser avec la Turquie des relations qui rendent cette dernière dépendante de Berlin qui aurait finalement le dernier mot», a résumé l'interlocutrice de Sputnik.

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