"Son Excellence M. Abdelaziz Bouteflika, Président de la République, a regagné Alger ce samedi 1er septembre 2018, après un bref séjour à Genève où il a effectué des contrôles médicaux périodiques", annonce un communiqué laconique de la présidence algérienne, relayé par l'agence de presse officielle APS.
L'annonce coupait court, ainsi, à des rumeurs disant le Président dans un état « très grave », voire « mourant ».
«Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, est soigné au huitième étage du service oncologie de l'hôpital cantonal de Genève, mais à l'aile des malades en phase critique», croyait savoir le site Mondafrique, disqualifiant la version des « médias officiels (qui) se veulent rassurants ».
« Informations fantaisistes » et « rumeurs affolantes », fustigeait, de son côté, le site d'investigation indépendant Algérie part, qui accuse «de nombreux médias électroniques et des personnalités publiques» de «manipuler l'opinion publique en Algérie».
Les déplacements médicaux du président suscitent souvent les rumeurs les plus alarmistes sur son état de santé. En 2005, déjà, certains sources spéculaient sur son décès, alors qu'il soignait, au Val-de-Grâce, un ulcère hémorragique de l'estomac.
Depuis, la santé du président algérien est un sujet à controverse récurrent, exacerbé par le black-out instauré par son entourage sur la question, et nourri par ses rares apparitions ou quelques contre-temps diplomatiques.
En avril 2016, le Premier ministre français, Manuel Valls, a créé une véritable polémique en publiant sa photo à côté d'un Bouteflika très affaibli. En février 2017, une rencontre avec la chancelière allemande, Angela Merkel, est reportée en raison d'une « bronchite aigüe » dont souffrait le président.
Pourtant,
«Si son état de santé physique s'est bien dégradé, Bouteflika garde une lucidité intacte. Il travaille pendant quelques heures par jour et arrive à parler plutôt normalement. Il n'y a, pour le vérifier, qu'à débriefer les ambassadeurs qui viennent lui remettre leurs lettres de créance lorsqu'il est en mesure de les recevoir. Un ambassadeur asiatique m'a dit une fois que l'entretien a tellement duré, Bouteflika livrant son analyse, ponctuée de nombreuses références historiques et géopolitiques sur la région asiatique en question, que cet ambassadeur s'en était senti gêné», avait récemment déclaré une source indépendante et bien informée à Sputnik.
La présidence Bouteflika a été associée à la fin de la guerre civile en Algérie, même si la paix s'est faite au prix d'une amnistie controversée. L'économie algérienne, très affaiblie, a également connu sous sa présidence une relance palpable, encore que la reprise ait été principalement le fait d'une conjoncture favorable, liée à la montée du prix du baril dans ce pays qui vit des hydrocarbures. Le Président a déployé, de son côté, des efforts diplomatiques pour signer le grand retour de l'Algérie après une trop longue absence. Aujourd'hui, toutefois, et à mesure que le pays s'enfonce dans la crise économique, ces lauriers seront compliqués à faire valoir.