Pourquoi les réformes saoudiennes ralentissent-elles?

Le journal Vestifinance analyse les réformes ambitieuses du prince héritier saoudien.
Sputnik

Mohammed ben Salmane, prince héritier et de facto régent de l'Arabie saoudite, a annoncé il y a deux ans un vaste programme de réformes appelé à «transformer l'économie du pays», écrit vendredi le site Vestifinance.

L'Arabie saoudite avait en effet besoin de se doter d'un secteur privé dynamique et concurrentiel, ainsi que de développer l'industrie non-pétrolière pour se préparer au mieux à l'époque où le pays ne pourra plus s'appuyer sur les richesses de son sous-sol.

Le prince a également reconnu la nécessité de réformes sociales, promis de maîtriser les prédicateurs les plus obscurantistes et de permettre aux femmes de conduire.

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Les premiers pas de Mohammed ben Salmane n'ont pourtant pas été très bien calculés. Il a décidé de lancer l'introduction en bourse (IPO) de Saudi Arabian Oil, première entreprise pétrolière du monde, dont la valeur était estimée à 2 000 milliards de dollars. L'IPO aurait dû avoir lieu avant la fin de l'année 2018. Cette initiative a pourtant été reportée à une date indéterminée, ce qui offre au prince la possibilité de modifier sa stratégie et d'agir de manière plus efficace et pragmatique.

Selon les analystes, il lui faut agir le plus rapidement possible: la décision de geler l'IPO d'Aramco accorde une pause aux investisseurs, mais pourrait accélérer la fuite des capitaux.

Le prince héritier sera obligé de mettre en œuvre ses réformes — dont beaucoup sont controversées — sous les regards attentifs des Saoudiens et des investisseurs étrangers. Les Saoudiennes peuvent désormais conduire, mais les autorités ont arrêté beaucoup d'activistes féministes. Elles ont également réduit les programmes d'aide sociale et introduit de nouveaux impôts.

Afin de rassurer les investisseurs internationaux et sa propre population, Mohammed ben Salmane doit revenir aux objectifs formulés en 2016: réduire le rôle de l'État dans l'économie, favoriser le développement du secteur privé, et introduire ne serait-ce qu'un certain degré de transparence dans le système opaque de redistribution des revenus pétroliers parmi les élites.

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Il était prévu que l'IPO d'Aramco finance tous ces programmes, mais il y a aussi un chemin plus réaliste avec des projets relativement peu importants, tels que la privatisation de l'aéroport, de l'usine de dessalage ou de l'usine de farine. Les 14 projets de privatisation non-pétroliers annoncés par Riyad en avril 2017 pourraient confirmer sa volonté de transmettre de manière transparente ses actifs à des acteurs prêts à payer plus que les autres: un accomplissement considérable pour une économie dominée par l'État.

Il vaut mieux que Mohammed ben Salmane suspende son deuxième projet ambitieux, celui de la ville fantaisiste de NEOM au nord-ouest de l'Arabie saoudite, d'un montant total de 500 milliards de dollars. Il serait plus efficace de dépenser l'agent du Fonds souverain pour stimuler des initiatives privées, notamment dans les domaines permettant de diversifier l'économie et de la rendre moins dépendante envers le pétrole.

On comprend facilement la volonté du politicien de 32 ans de lier son nom à un projet impressionnant, ne serait-ce qu'une IPO géante et une ville dans le désert. Il pourrait pourtant consolider son autorité et rendre le pays plus efficace en se focalisant sur des réformes moins spectaculaires.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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