Le nom de Marouchtshchinets a certainement déjà été oublié par les lecteurs, soumis chaque jour à des tonnes de nouvelles informations. Or, il y a quelques mois, il se trouvait au centre d'un grand scandale.
Pendant son travail auprès du ministère des Affaires étrangères de son pays, Marouchtshchinets portait tout aussi haut l'étendard des idées nazies et avait accroché dans son bureau des portraits de Bandera, Choukhevitch et des affiches sur la grandeur de l'UPA (Armée insurrectionnelle ukrainienne). Il luttait également contre le «joug juif», menaçait les «youpins», les Hongrois et les Polonais.
D'autres se sont vivement intéressés aux motivations des autorités allemandes qui, pendant les années de travail de ce consul ne cachant pas ses opinions à l'étranger, n'avaient pas exprimé la moindre préoccupation. Nous parlons bien de l'Allemagne où ne serait-ce qu'une infime partie des déclarations de Marouchtshchinets pourrait valoir un séjour derrière les barreaux.
Toutefois, le mécontentement n'a pas duré. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavel Klimkine a prononcé des mantras rassurant la population, a remercié les collègues occidentaux, a promis de tirer les choses au clair, de sanctionner et de renvoyer Marouchtshchinets. Ce dernier a en effet été limogé, d'autant qu'il avait atteint l'âge de la retraite. Facebook a enfin supprimé la page de Marouchtshchinets, que la compagnie ignorait jusqu'à présent parce qu'elle n'enfreignait pas les règles de la communauté gravées sur les tables de la loi.
Les appels du consul enfreignaient manifestement la loi ukrainienne, incitaient et semaient la haine interethnique, mais cela n'a pas intéressé le parquet — comme d'habitude. Du moins, aucune conclusion promise n'a été tirée.
Pendant que le consul est occupé à récolter de l'argent pour la cotisation de candidat et à préciser les principaux points de son programme, nous pouvons exprimer quelques idées concernant les questions des citoyens susmentionnées.
Depuis l'indépendance, le ministère des Affaires étrangères ukrainien planait constamment au-dessus de la réalité en faisant le grand écart. D'un côté, en majorité, les diplomates était très pro-occidentaux, de l'autre: des nationalistes fervents, pour ne pas dire chauvinistes. Un psychiatre pourrait mieux expliquer comment ce pluralisme pouvait exister dans une même tête, mais c'est un fait. La passion pour les valeurs européennes, la démocratie et la tolérance était pratiquement sphérique, même si on y regardant de plus près il s'avérait qu'elle était empêchée par la russophobie, l'antisémitisme et surtout — ce qui est vraiment effrayant — l'admiration incomplète du progrès de genre. Pratiquement depuis le début de l'histoire ukrainienne récente, le ministère des Affaires étrangères est devenu le guide du nationalisme ukrainien où les Galiciens jouaient le premier rôle, quels que soient les ministres et les présidents. C'est pourquoi la passion pour les idées de Bandera n'était pas condamnée, mais même encouragée.
Selon Olga Soukharevskaïa, ancienne diplomate ukrainienne du ministère des Affaires étrangères, aucun des ministres ne tentait de freiner le mainstream idéologique venu de Galicie: «Vassyl est une véritable créature typique du ministère des Affaires étrangères. Il n'était pas ouvertement encouragé, mais personne ne le freinait. Il y a grandi, il a fait sa carrière, il durcissait dans son nazisme, participait aux marches de l'UPA et aux congrès de Svoboda. Ils sont nombreux dans son cas.»
Hélas, Marouchtshchinets est loin d'être le seul diplomate à faire vivre activement les idées nazies. Parmi ses «confrères» on trouve des professeurs, des ambassadeurs, des consuls, des attachés qui poursuivent leur activité diplomatique dans les pays européens. Par exemple, la grande adepte des idées de l'ex-consul, Inna Ognivets, travaille encore au poste d'ambassadeur au Portugal malgré tous ses likes sur l'ancienne page du consul. Marouchtshchinets n'a pas eu la présence d'esprit de se calmer à temps.
Le général y exprime en détail ses idées sur les agents des renseignements étrangers occupant des postes haut placés au ministère des Affaires étrangères ukrainien, et qui aurait été recrutés en provoquant des situations compromettantes — une vingtaine de noms au total.
D'un autre côté, la «cécité» des Allemands par rapport au consul ukrainien peut être expliquée plus simplement: l'attitude trépidante et l'attachement des pays occidentaux vis-à-vis de l'Ukraine et de ses hauts responsables, quelles que soient les folies qu'ils se permettent, suppose une plus grande indulgence envers leurs écarts de la ligne générale des valeurs européennes.
Pour l'instant, Marouchtshchinets exprime ses ambitions présidentielles prudemment, comme en tâtant l'eau du pied avant de plonger. Il sonde la réaction à son initiative. Il est encouragé par les likes de ses partisans, dont des anciens diplomates. Hélas, les textes du candidat comportent un tel nombre de termes galiciens difficiles à saisir qu'il est impossible d'en profiter à part entière. Cependant, on devine clairement le vecteur général: la lutte contre le joug judaïque, le Monde russe, les Polonais et les Hongrois.
Une telle candidature à la présidence a également des avantages: l'écho des électeurs peut servir de sondage sur le niveau d'infection de la société civile ukrainienne par la bactérie du nazisme pur.