La bataille d'Idleb va-t-elle être une nouvelle Ghouta?
Rappelez-vous, en avril 2018, alors que les forces gouvernementales sont sur le point de reconquérir Douma, ville principale de la région de la Ghouta, située au nord-est de Damas, une incroyable attaque chimique a lieu. Des vidéos réalisées par la sympathique organisation des Casques Blancs sont relayées sur les réseaux sociaux puis par toute la presse occidentale. Le monde est terrifié par cette nouvelle horreur.
Mais pourquoi penser que ce genre d'opérations risque de se reproduire?
Ces pays du «monde libre» avaient prévenu «l'animal» (pour reprendre les mots de Donald Trump) Bachar el-Assad. En effet, le 13 février 2018, alors que la reconquête de la région de la Ghouta par les forces de Damas est sur le point de débuter —elle sera lancée le 18 février- Emmanuel Macron réaffirme la ligne de la France, tenue auparavant par son prédécesseur peu avisé: en cas de preuves avérées, la France «frappera».
Ce mardi 21 août 2018, les clubs des trois (États-Unis, Royaume-Uni et France) annoncent dans un communiqué commun, en ligne notamment sur le site du gouvernement britannique:
«Les États-Unis, le Royaume-Uni et la France réitèrent leur condamnation de l'utilisation d'armes chimiques par le régime d'Assad»,
Si ce communiqué commun est publié exactement cinq ans après le terrible massacre de la Ghouta, ajoutons qu'il y a six ans, le 20 août 2012, Barack Obama lançait la doctrine de la «ligne rouge». En pleine campagne électorale pour sa réélection, le Président américain affirmait alors que, s'il ne souhaitait pas que son armée intervienne en Syrie, il le ferait si certaines bornes étaient franchies:
«Jusqu'ici, je n'ai pas donné l'ordre d'intervenir militairement. […] Si nous commencions à voir des quantités d'armes chimiques déplacées ou utilisées, cela changerait mon calcul et mon équation.»
Si pour Obama et Cameron, cette menace était lancée à destination de tous les protagonistes de la guerre en Syrie, Hollande avait lui, jugé bon de viser spécialement son homologue de Damas. Une cible reprise donc dans cette toute nouvelle déclaration, qui assure par ailleurs:
«Nous réaffirmons notre détermination commune à empêcher l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien et à les tenir pour responsables de toute utilisation de ce type. […] Nous restons déterminés à agir si le régime Assad utilise à nouveau des armes chimiques.»
Notons que, quel que soit l'auteur d'une prochaine attaque chimique en Syrie, qui reste très probable puisqu'Idled est le dernier grand bastion des terroristes, «le régime» en sera tenu comme responsable.
L'ex-ambassadeur britannique à Damas, Peter Ford, dans un entretien accordé à Sputnik peu de temps après cette transformation de l'OIAC, réagissait ainsi:
«Jusqu'à présent, les tentatives des pays occidentaux pour accuser Damas ont échoué: aucune des commissions qui enquêtaient en Syrie n'a cédé aux pressions exercées par le Royaume-Uni et les USA. C'est pourquoi, à mon avis, le Royaume-Uni s'est adressé à La Haye. […] L'OIAC est transformée en un instrument de l'Otan.»
Si cette nouvelle décision de Washington a été dénoncée par Moscou, Sergueï Lavrov a lui dénoncé une directive du département politique de l'ONU. Cependant, la phase de retour a déjà commencé, notamment depuis le Liban, où 7.000 réfugiés sont rentrés en Syrie. Mais, au-delà des politiques américaines et onusiennes, cette nouvelle offensive en direction d'Idleb risque de perturber davantage la remigration de six millions de Syriens, notamment ceux qui sont réfugiés en Turquie, et la participation des États à reconstruire la Syrie puisque la guerre psychologique vient, elle, à peine de reprendre.