Le Pentagone, qui a décidé de se doter d'un nouveau sous-marin nucléaire lanceur d'engins, nommé Columbia, en réponse aux sous-marins russes de classe Boreï, a qualifié son nouveau bâtiment avant même sa «conception» de «sous-marin du XXIe siècle».
Le Columbia, baptisé ainsi en l'honneur du district fédéral portant ce nom, doit remplacer les sous-marins de classe Ohio actuellement en service dans l'US Navy, dont la durée du cycle touche à leur fin. Un analyste russe de l'hebdomadaire Zvezda, Alekseï Kouriltchenko, estime cependant que ce cycle devra être prolongé.
Encore au stade de développement, des médias occidentaux chantent déjà les louanges de ce nouveau «défenseur sous-marin», de sa puissance et de sa durée d'exploitation de 42 ans. Personne cependant ne prend pas en considération l'opinion des experts, qui remettent en question certaines solutions technologiques.
L'analyste rappelle que le premier contrôle de qualité a montré que le soudage dans les silos de lancement du nouveau sous-marin n'était pas conforme aux standards de qualité. The National Interest a constaté que le contrôle de 12 silos de lancement déjà construits a révélé des défauts de soudage. Ce fait pourrait remettre en question la qualité de l'ensemble de la marine américaine. Le silo de lancement est un élément clé du sous-marin, qui doit remplir impeccablement sa mission dans les situations les plus critiques, faisant donc que n'importe quel défaut menace non seulement la vie du bâtiment, mais aussi celle de son équipage.
Bryan Clark, expert du groupe de réflexion Center for Strategic and Budgetary Assessments, estime que ce défaut freinera le processus de construction. Selon lui, un retard dans la construction de l'élément clé du système de missiles aura un effet en cascade sur d'autres stades de la production.
«Des erreurs aux étapes initiales de la production sont un mauvais signe», a-t-il déclaré.
Une telle négligence de la part de l'entreprise BWX Technologies, qui s'est forgée une réputation impeccable dans le domaine des composants nucléaires, a été une surprise pour les militaires américains. Elle compromet le calendrier de production, d'autant plus que le cycle de vie des sous-marins Ohio touche à sa fin et qu'il est urgent de les remplacer.
Selon les projets du commandement américain, la construction du nouveau sous-marin doit commencer en 2021 et il doit être opérationnel en 2030. D'autant que le Pentagone estime que des retards dans la construction de cet armement pourraient mettre en danger la sécurité nationale des États-Unis.
On dispose actuellement de très peu d'informations sur ce nouveau projet, bien que certaines de ses caractéristiques aient été déjà dévoilées et qu'elles soient souvent similaires à celle du Boreï: une longueur d'environ 170 m et un déplacement d'environ 24.000 tonnes. Les deux bâtiments disposent de 16 silos de lancement.
En ce qui concerne les missiles, le Columbia aura un compartiment commun, dont le projet pose actuellement nombre de question. Le Boreï a reçu un missile déjà testé, le Boulava, un produit du concepteur du fameux Topol-M.
«Selon les projets initiaux du Pentagone, le premier sous-marin mis sur cale en 2021 restera en service jusqu'en 2063 et le dernier jusqu'en 2077. Cependant le premier défaut pourrait être suivi d'un autre et d'autres encore. Personne n'a de garanties contre des erreurs dans le développement d'une arme de nouvelle génération. Mais ces erreurs menacent de transformer le Columbia, annoncé comme étant le «sous-marin du XXI siècle», en celui du XXIIe siècle, époque lors de laquelle les Boreï prendront une nouvelle dimension», conclut l'analyste.