L'aspiration d'Ankara à commercer avec certains pays en utilisant sa monnaie nationale s'explique sans doute par une tentative pour réduire la pression du dollar sur la livre (TRY), a déclaré à Sputnik le directeur général du Centre des études économiques et de politique étrangère (EDAM), Can Selçuki, évoquant les perspectives d'inclusion de la Turquie dans le processus de dédollarisation.
«Cela est en train de revêtir une actualité particulière dans le contexte de la crise dans les relations entre la Turquie et les États-Unis et des sanctions américaines contre la Turquie», a expliqué l'interlocuteur de l'agence.
Et de rappeler que le Président turc Recep Tayyip Erdogan avait fait plusieurs déclarations importantes lors du récent sommet des BRICS.
«Notamment, si l'Occident n'abandonne pas sa politique de pression contre la Turquie, cette dernière cherchera des alternatives et le commerce avec l'usage de la monnaie nationale sera l'une d'elles. Quoi qu'il en soit, il est pour le moment difficile de dire à quel point une telle démarche pourrait être réaliste», a estimé l'analyste turc.
Comme il l'a expliqué, bien que beaucoup de marchandises importées par la Turquie viennent de Chine, d'Allemagne et de Russie, leurs prix sont essentiellement établis en dollars.
Selon un autre interlocuteur de Sputnik, l'économiste russe Valentin Katassonov, professeur à la chaire des finances internationales à l'Institut des relations internationales de Moscou (MGIMO), pour être efficace, la dédollarisation doit s'étendre non seulement au commerce international, mais aussi aux échanges à l'intérieur du pays.
«Tout d'abord, il faut modifier le modèle d'émission de l'argent pour que la monnaie nationale ne soit plus soutenue par la devise américaine, mais par des projets nationaux réels. Ensuite, il faut renoncer à la devise étrangère dans les transactions à l'intérieur du pays. Et enfin, il est nécessaire de cesser d'utiliser le dollar dans les opérations monétaires transfrontalières», a résumé M.Katassonov.