Il s'agit donc d'une autre répercussion à la guerre commerciale que se livrent Pékin et Washington, susceptible d'être assez dramatique pour ce dernier, qui entend jouer le rôle de l'un des principaux acteurs du secteur énergétique mondial, en devenant exportateur net de ressources énergétiques d'ici 2022. Selon l'analyse des flux des échanges de Thomson Reuters Eikon, les importations de pétrole américain vers la Chine, qui est le deuxième plus grand importateur de cette ressource après le Canada, peuvent diminuer de 40% en septembre par rapport aux mois précédents.
Levier iranien
Afin de remplacer les livraisons américaines les entreprises chinoises peuvent tourner leurs regards vers d'autres grands producteurs, dont l'Iran. Selon Bloomberg, Pékin n'a pas obéi aux appels de Washington de mettre fin aux achats de pétrole iranien. Le média indique qu'une délégation de responsables américains s'est rendue la semaine dernière en Chine afin de persuader les autorités locales de soutenir les sanctions américaines contre Téhéran, qui doivent entrer en vigueur début novembre.
Il est à noter que le retrait des États-Unis de l'accord sur le nucléaire iranien a contribué au développement des relations économiques sino-iraniennes. Le chef de la diplomatie iranienne, Javad Zarif, s'est rendu en Chine quelques jours après l'annonce du rétablissement des sanctions américaines contre son pays. Ce déplacement a notamment conduit au lancement du projet d'une voie ferroviaire reliant la Chine à l'Iran dans le cadre de la nouvelle Route de la Soie.
Le GNL américain pris en otage
Un autre secteur qui peut être touché par la guerre commerciale est celui du gaz naturel liquéfié, qui figure également sur la liste du 3 août des biens menacés par une augmentation des tarifs douaniers. Étant donné que la Chine est le troisième consommateur de GNL américain, cette mesure peut être néfaste pour les États-Unis.
Néanmoins, la décision finale sur ce projet n'a pas encore été prise. Selon Hugo Brennan, de la société de conseil britannique Verisk Maplecroft, ce projet peut être victime de «la détérioration des liens bilatéraux».
En revanche, la Chine, qui a pour but de diminuer son empreinte écologique, pourrait renforcer ses liens avec d'autres producteurs de GNL, comme la Russie. En juin, le ministre russe de l'Énergie Alexandre Novak a déclaré que Moscou discutait avec ses partenaires chinois dont la CNPC, qui possède une part de 20% dans le projet Yamal LNG lancé en décembre 2017, de leur participation au projet Arctic LNG-2.
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