La femme qui a «fait fermer» Business France en Russie

Mi-juillet, un scandale diplomatique sans précédent s'est produit à Moscou: l'ambassade de France a fermé sa représentation commerciale, l'agence publique Business France, en accusant les autorités russes de faire obstacle à son travail.
Sputnik

Deux jours plus tard, le ministère russe des Affaires étrangères a publié sa réponse en dévoilant des détails que les Français avaient omis de mentionner.

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D'après le communiqué de l'ambassade de France en Russie, «les conditions d'exercice de Business France en Russie se sont considérablement dégradées au cours des derniers mois, notamment avec les saisies illégales opérées sur son compte en banque, pourtant protégé par la Convention de Vienne, et l'expulsion de son Directeur disposant d'un passeport diplomatique», écrit vendredi 3 août le site The Village.

Il s'est avéré par la suite que Business France ne possédait pas l'immunité diplomatique, ce qui a été confirmé pendant le procès suite aux plaintes déposées par deux employées de la représentation commerciale, qui ont prouvé que leur licenciement était illégal. De facto, cette lutte au tribunal pour récupérer leur poste a conduit à la suppression de ce poste.

L'une des plaignante, Olga Tarassova, explique à The Village pourquoi elle a décidé d'attaquer en justice Business France, comment elle a réussi à gagner et si elle est satisfaite par le résultat de la procédure:

«En février 2017, j'ai pris trois semaines de congés. Le directeur général de Business France en Russie, Pierric Bonnard, m'a personnellement raccompagnée avec le sourire et en me serrant la main. Il m'a toujours félicité, il n'avait aucun reproche envers mon travail. Quand j'ai repris mon travail le matin du 20 mars 2017, il m'a convoquée pour me dire que j'étais virée et que j'avais 15 minutes pour récupérer mes affaires.

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Bonnard et Schmitt (chef comptable, ndlr) ont dit que je savais pourquoi j'étais renvoyée. Or je l'ignorais, et j'ai essayé d'en comprendre la raison. Tous les deux m'avaient proposé au moins sept fois de démissionner de mon plein gré. Dans le cas contraire, ils promettaient de me virer pour «divulgation de secret commercial» et d'écrire une plainte au ministère des Affaires étrangères pour briser ma carrière.

Après mon refus, Bonnard m'a personnellement raccompagnée vers la sortie et je me suis retrouvée littéralement à la porte, sans travail.

Des collègues ont commencé à m'appeler pour dire qu'elles étaient forcées d'écrire des avis négatifs sur moi sous la menace de mesures disciplinaires. Puis j'ai appris que deux anciennes collègues avaient reçu un blâme.

J'ai décidé de porter plainte. Mon avocat m'a dit que mes droits avaient été enfreints. Il a suggéré de porter plainte pour le rétablissement de mes droits au travail, et me faire indemniser pour le préjudice moral et l'absence forcée. La plainte a été déposée le 27 mars 2017 au tribunal du district Zamoskvoretski de Moscou, qui a ordonné le 19 octobre 2017 de me réhabiliter à mon poste et a engagé Business France à me verser une indemnité pour absence forcée et préjudice moral.

Business France a refusé de se plier à cette décision, après quoi le Service fédéral des huissiers de justice (FSSP) a ouvert un dossier sur le contrevenant.

En janvier 2018, j'ai présenté la décision délivrée par le tribunal à la banque où se trouvaient les comptes de mon employeur, qui a versé à titre coercitif la somme que Business France avait été condamnée à me payer.»

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Le FSSP a demandé au ministère russe des Affaires étrangères si l'organisation possédait l'immunité diplomatique. Et d'après la réponse du vice-ministre russe des Affaires étrangères Alexandre Glouchko, ce n'était pas le cas.

Personne n'a forcé Business France à fermer. Le ministère des Affaires étrangères a déjà publié un communiqué officiel expliquant qu'il avait été proposé à plusieurs reprises à Business France de mettre son statut en conformité avec la législation russe. Mais Business France a préféré ne rien faire.»

Le directeur général du bureau russe Pierric Bonnard a été proclamé persona non grata par le ministère russe des Affaires étrangères et il a quitté le pays en avril 2018.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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