En Algérie, des ouvriers chinois réclament justice à Abdelaziz Bouteflika

En Algérie, en conflit avec un promoteur immobilier, des ouvriers chinois en appellent à Abdelaziz Bouteflika lui-même. Si le Président algérien n’est jamais insensible aux sollicitations, cette démarche qui intervient dans un contexte politique particulier n’a pas laissé les Algériens indifférents.
Sputnik

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Quelque part à Oran, dans le nord-ouest algérien, sur le trottoir d'un chantier, des drapeaux algériens sont agités nerveusement. Le nom du Président Abdelaziz Bouteflika est scandé plusieurs fois par un meneur. A chaque fois, une cinquantaine de porte-étendards reprennent en chœur l'appel au Président. Malgré les apparences, on n'est pas dans un meeting politique du FLN et ces Chinois ne font pas connaître leur avis sur le cinquième mandat du Président.

GAEA, une société chinoise, présente en Algérie depuis 2008, réclame d'un entrepreneur privé, le groupe Châabane Belazzoug, la somme de 240 millions de dinars algériens, soit près de 1.7 million d'euros. Les ouvriers ayant pris part à la construction de bâtiments pour le compte du groupe reprochent également à celui-ci, leur éviction manu militari de la base-vie du chantier, la destruction de leurs affaires personnelles et même des violences physiques, d'après la porte-parole des ouvriers en sit-in depuis le 22 juillet.

Devant le refus du promoteur de donner une suite favorable à leurs doléances, des mois durant, les ouvriers chinois n'avaient d'autre choix que d'entrer en sit-in. «Belazzoug, payez-nous nos salaires », pouvait-on notamment lire, en arabe, sur les banderoles tenues par les ouvriers chinois qui scandaient le nom du Président algérien pour lui demander d'intervenir dans ce litige. Une scène qui a interpellé les réseaux sociaux algériens…qui n'ont pas manqué de la mettre en rapport avec le contexte politique algérien actuel.

​« Voilà, il vous écoute », dit cette caricature qui fait allusion aux récentes apparitions du Président algérien, affaibli, par portrait interposé.

​Devant la pression ainsi exercée sur le débiteur récalcitrant, une commission a été constituée pour résoudre le défaut de paiement à l'amiable, précise le site Ennaharonline. De son côté, la ligue algérienne des Droits de l'Homme, s'est dite, tout de même,

« en train de suivre le dossier pour avoir plus d'éléments sur le conflit qui oppose leur entreprise à une entreprise algérienne privée de promotion immobilière qui n'a pas répondu aux clauses contractuelles les liant, bloquant ainsi les salaires des travailleurs chinois depuis des mois», a indiqué son vice-président, Saïd Salhi, à Sputnik.

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Avec près de 30.000 ressortissants, la présence chinoise s'est considérablement renforcée en Algérie, sous la présidence d'Abdelaziz Bouteflika: des commerçants de Bab Ezzouar, dans la banlieue est d'Alger, aux grandes entreprises ayant pris part à de nombreux travaux d'infrastructures. Ceux-ci vont des autoroutes, aux aéroports, sièges d'institutions étatiques en passant par…les mosquées. La construction du « joyau » architectural de l'ère Bouteflika est, en effet, prise en charge par le mastodonte China State Construction Engineering Corporation (CSCEC), qui déploie sur le site pas moins de 10.000 ouvriers chinois. Avec son coût titanesque, dépassant le milliard d'euros, la plus grande mosquée d'Afrique sera fin prête en 2019 et sera portée au crédit du Président algérien, dont on spécule sur la possible réélection, toujours en 2019. D'ici là, il y a peu de chances que les festivités (de l'inauguration?) soient gâchées par un sit-in pour défaut de paiement…

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