Par cette nouvelle loi dite de l'«État-nation juif», Israël pratique une politique d'apartheid, les Juifs ayant toujours souligné qu'ils étaient maîtres du pays. Et voilà que maintenant ils en ont reçu une confirmation officielle, a déclaré à Sputnik Ayman Oudah, député du groupe Liste arabe unie, coalition des partis pro-palestiniens à la Knesset.
«Comme résultat, la tension va monter entre Palestiniens et Israéliens. Pourtant, nous devons rester calmes et unis. Nous devons pratiquer une politique sage et réfléchie pour aider les Arabes en Israël dans cette période difficile. Il importe d'élaborer une politique pour l'avenir», a souligné l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter qu'il était inutile de s'attendre à une assistance de la part d'organisations ou de pays étrangers.
«Nous sommes le peuple palestinien, et nous ne devons compter que sur nous-mêmes et l'un sur l'autre», a résumé M.Oudah.
Un autre interlocuteur de Sputnik, Masud Ganaim, lui aussi membre du groupe Liste arabe unie au parlement israélien, a relevé que la loi de l'«État-nation juif» représentait un grand danger pour l'ensemble des territoires occupés par Israël.
«C'est qu'elle [cette loi, ndlr] ne se limite pas aux frontières israéliennes de 1948, mais s'étend également aux territoires occupés depuis 1967 et ailleurs. La loi dispose que seuls les Juifs ont droit à ces terres. Que ni Arabes, ni Palestiniens, ni personne d'autre n'ont aucun droit sur elles. Désormais, tous ces gens passent dans la catégorie des minorités nationales», s'est indigné le député.
Et de préciser que les Palestiniens n'étaient pas physiquement expulsés d'Israël, mais étaient privés de droits.
«Les Palestiniens n'ont plus aucun droit à la terre. Ils peuvent cohabiter avec les Juifs, mais sont limités dans leurs droits», a constaté le parlementaire.
Selon ce dernier, les Arabes n'étaient pas seuls à voter «contre», une partie de l'opposition s'est également élevée contre cette loi non démocratique.
«Quant à nous, nous votons contre toutes les lois qui insistent sur la judéité d'Israël pour faire de lui un "État-nation juif"», a souligné M.Ganaim.
Et de prévenir que la loi adoptée aux dépens de la minorité arabe et des normes démocratiques risquait d'aggraver la situation à l'intérieur de l'État hébreu et de provoquer des troubles.
Jusqu'à présent, Israël, qui n'a pas de Constitution, s'appuyait sur la Déclaration d'indépendance de 1948 pour se définir en tant qu'État juif et démocratique.
Au terme de débats houleux, le texte adopté par 62 voix contre 55 (et deux abstentions) dans la nuit de mercredi à jeudi, définit Israël comme le «foyer national du peuple Juif». Les observateurs constatent qu'elle n'en est pas moins perçue comme une humiliation par la minorité palestinienne.
La Liste arabe unie souligne, dans un communiqué, que «cette loi ne mentionne ni le mot démocratie ni le mot égalité», et ne «laisse aucun doute sur le fait qu'il y ait des types de citoyenneté — les Juifs de première catégorie et les Arabes de seconde catégorie».