Vice-président de l’Assemblée: «L’embargo est une sottise contraire à l’intérêt français»

Fermeture de l’agence Business France, embargo alimentaire et Coupe du Monde… Maurice Leroy, vice-président de l’Assemblée nationale, a évalué pour Sputnik l’état des liens franco-russes et a détaillé pourquoi il faut venir en Russie pour comprendre la politique de Vladimir Poutine.
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À quoi faut-il s'attendre sur la scène économique franco-russe? Sur fonds de multiples projets urbains et d'investissement, la fermeture de la mission de Business France à Moscou, cette semaine, a placé ce sujet au cœur de l'actualité, tout en y ajoutant un brin d'inquiétude. Retour sur les temps forts de l'agenda bilatéral avec Maurice Leroy, député de l'Union des démocrates et indépendants (UDI) et ex-ministre de la Ville, élu le 17 juillet vice-président de l'Assemblée nationale.

«La France a intérêt à investir»

L'intérêt que les deux pays portent l'un envers l'autre reste fort et l'emporte sur la politique. C'est du moins ce qu'estime dans une interview à Sputnik Maurice Leroy qui s'est rendu dans la capitale russe à l'occasion du Forum urbain de Moscou.

«La France a intérêt à investir, ses entreprises investissent à Moscou et en Russie, de même que nous sommes ouverts aux investissements chez nous en France», indique-t-il.

En effet, la France reste deuxième investisseur européen en Russie, rivalisant avec l'Allemagne. Lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg en mai dernier, Vladimir Poutine avait évalué les injections françaises à la hauteur de 15 milliards de dollars.

Fermeture de Business France à Moscou: quelles répercussions sur les liens franco-russes?
La fermeture de Business France, qui travaillait sous les auspices de l'ambassade de France à Moscou et que la Russie avait appelé à placer son travail «dans le cadre légal russe», ne semble pourtant pas devoir «avoir des conséquences majeures» sur les liens économiques entre les deux pays, estime M.Leroy. Un avis également partagé par l'ambassadeur russe en France Alexeï Mechkov, qui avait précédemment affirmé que la clôture n'aurait «aucune influence» au niveau bilatéral.

Selon le député UDI, la Chambre de commerce et d'industrie franco-russe ainsi que l'ambassade sont déjà chargées de préserver les liens. Qui plus est, MM.Poutine et Macron ont «des échanges francs et cordiaux malgré des désaccords» et multiplient les contacts ces derniers temps.
«Ce n'est pas la fermeture des portes de Business France qui va empêcher quelque chose, et tant mieux», affirme Maurice Leroy. Et ajoute: «L'amitié franco-russe n'est pas un vain mot».

«L'embargo est une sottise, c'est contraire aux intérêts de la France»

Le vice-président de l'Assemblé rappelle que «la précédente mandature les députés français avait voté à la majorité contre l'avis du gouvernement français» concernant la prolongation des sanctions antirusses. L'embargo alimentaire par laquelle la Russie riposte aux sanctions est «contraire aux intérêts de la France», estime le responsable qui qualifie cette mesure de «sottise».

«Au lieu d'importer des produits de la filière agricole française, la filière porcine par exemple, les Russes se sont dits: mais on va les produire, nous. S'ils les produisent, c'est nos paysans qui en pâtissent, ce n'est pas les dirigeants de la planète, c'est nos paysans», explique-t-il, avant d'ajouter: «Pareil pour les fruits et légumes, les fromages».

Le député dénonce également une autre conséquence des sanctions: la perte de liens politique et surtout de marchés par les sociétés européennes.
«Ça fait se tourner la Russie vers l'Asie plutôt que vers l'Europe. Quand les Chinois prennent des marchés sur les infrastructures, notamment dans le cadre de Grand Moscou, on l'a vu sur la construction des chemins de fer, ce sont les entreprises françaises ou allemandes qui n'ont pas ces marchés», poursuit-il.

«Il s'est passé quelque chose à cette Coupe du Monde»

Il faut venir en Russie pour mieux comprendre la politique du pays et la façon dont le peuple perçoit Vladimir Poutine, estime Maurice Leroy. Le responsable pointe du doigt le «Poutine bashing» mené dans la presse française, affirmant que le Président russe «redonne à son pays une vraie fierté», ce que les médias européens passent sous silence.

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L'homme politique évoque à cette occasion la Coupe du Monde, dont il note l'«organisation parfaite». «Je parle aussi de l'organisation sur le plan de l'antiterrorisme, nous vivons quand même une situation internationale très tendue avec des tensions très fortes. Moscou aurait pu être la cible d'attentats, il n'y en a pas eu, tant mieux», observe-t-il.

Le député qualifie de «vrais ambassadeurs» les supporters français qui se sont rendus en Russie.

«Ces centaines de milliers de supporters vont parler de Moscou, de ses transformations, ce qui est encore mieux que les ambassadeurs officiels parce qu'ils [les fans qui sont venus pour Mondial, ndlr] ont vécu des choses dans le pays pendant le temps de cette belle Coupe du Monde», explique M.Leroy.
Et d'ajouter: «Il y a une âme, il y a quelque chose, il s'est passé quelque chose à cette Coupe du Monde, quelque chose qui n'a rien ni de politique, ni d'administratif».

Grand Moscou, grand Paris

Ville hôte de la Coupe du Monde, Moscou est d'ailleurs une vaste mégapole et partage avec Paris de nombreux défis urbain. L'ex-ministre de la Ville cite notamment les problèmes de transports ainsi que ceux concernant les infrastructures routières, le défi de «la ville durable de demain».

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Après les huit ans qui se sont écoulés depuis la dernière visite de Maurice Leroy dans la capitale russe, il reconnaît de «véritables transformations» avec les nouveaux stades, le renouvellement des infrastructures et 60 nouvelles stations de métro réalisées. «Nous au Grand Paris, on n'a pas encore inauguré une seule station alors qu'on a commencé en même temps», affirme-t-il.

Et de conclure: la capitale russe «se transforme chaque année à une très grande vitesse, c'est impressionnant. Un peu comme Shanghai d'ailleurs. Il y a des villes, des mégapoles qui effectivement se transforment très vite. C'est le cas de Moscou».

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