L'avion du Président russe dans le viseur de l'Estonie

Les militaires estoniens ont exprimé des reproches sans précédent à la Russie. Des avions russes sont régulièrement accusés de violer l'espace aérien de l'Estonie, mais c'est la première fois que l'avion personnel du chef de l'État russe est visé. L'avion de Vladimir Poutine a-t-il réellement porté atteinte au territoire de ce pays balte?
Sputnik

Le journal estonien Postimees affirme que ce lundi matin, près de l'île Vaindloo, l'espace aérien de l'Estonie a été enfreint par des avions russes A319 et Il-96 à environ une heure d'intervalle, sachant que le second appareil transportait Vladimir Poutine,  écrit mercredi le site d'information Vzgliad.

Les deux avions appartiennent au parc public russe. «J'ignore qui était à bord, mais je peux dire que ce sont les autorités russes qui volent à bord de tels appareils», a indiqué au quotidien le porte-parole de l'état-major estonien Arvo Joesalu.

Les avions sont restés dans l'espace aérien estonien moins d'une minute, affirme l'Estonie. Leurs transpondeurs étaient allumés, mais les plans de vol n'ont pas été indiqués. Les avions n'avaient pas de liaison radio avec le service estonien de navigation aérienne. Selon le journal, les photos de l'arrivée de Poutine à Helsinki montrent qu'il a voyagé à bord d'un Il-76 portant le numéro RA-96022. L'analyse des radars en ligne révèle que c'est justement cet appareil qui a violé l'espace aérien de l'Estonie, affirment les journalistes estoniens.

Il est possible que les avions russes «frôlent» la frontière aérienne estonienne accidentellement — à cause d'un demi-tour inachevé, par exemple. Mais pas qu'ils pénètrent de front en territoire étranger, comme l'indique Tallinn.

Le ministère des Affaires étrangères de l'Estonie a convoqué mardi le représentant de l'ambassade de Russie pour lui remettre une nouvelle note de protestation. L'ambassade russe y est habituée: il s'agit de la sixième réclamation adressée à Moscou cette année — la dernière en date remontait au 10 juillet, et concernait également un Il-96.

«L'équipage, plus exactement l'opérateur de bord, enregistre en permanence les données des radars de l'avion. Il enregistre la distance jusqu'à la côte gauche et droite du golfe de Finlande, s'il est question de cette zone. La ligne du vol factuel est tracée sur la carte. Après le vol, tout est vérifié et un spécialiste voit immédiatement l'itinéraire exact, s'il y a eu ou non une violation», explique un général de réserve, pilote expérimenté qui a survolé plusieurs fois la mer Baltique.

«Le service de sécurité des vols doit envoyer ces documents, en l'occurrence aux Estoniens. A plusieurs reprises les Estoniens prétendaient qu'une infraction avait eu lieu, mais quand nous leur fournissions les cartes et les photos des radars, ils abandonnaient immédiatement leurs réclamations», explique la source cité par le quotidien Vzgliad.

Moscou n'a pas officiellement réagi aux accusations de Tallinn. Le soir même, ce sont des responsables estoniens, civils cette fois, qui ont eux-mêmes démenti la critique antirusse de l'état-major estonien. Le représentant du service de contrôle aérien Üllar Salumäe a reconnu que l'avion de Vladimir Poutine n'avait pas franchi la frontière aérienne de l'Estonie.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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