Quelle honte, monsieur Trump, vous auriez pu mettre plus de cœur à l'ouvrage et faire mieux semblant de vous opposer au Président russe! Évoquant avec lui à Helsinki la prétendue ingérence russe dans la présidentielle américaine, le dirigeant américain a osé dire qu'il «ne voit aucune raison pour laquelle la Russie aurait pu faire des efforts pour intervenir dans l'élection de 2016».
La première partie de la déclaration du Président américain s'est retrouvée noyée sous la vague d'accusations pour trahison et pour «alliance avec Poutine contre le FBI», comme l'a affirmé la BBC. Et pourtant, Donald Trump a bien dit: «J'ai une grande confiance en mes agents de renseignement».
Trop tard! L'image de Trump le traître est déjà présente à tous les esprits américains. Le hashtag #TreasonSummit («sommet de la trahison») est alimenté, entre autres, par des publications de médias et des déclarations de membres du Congrès déçus par leur Président. La plus poétique d'entre elle est l'approche de The Daily News qui a placé sur sa couverture Donald tenant d'un côté la main gauche de Vladimir et tirant de l'autre sur l'innocent Oncle Sam.
«Trump et Poutine réprimandent le renseignement US», titre The Newsday, tandis que certains se souviennent de la célèbre couverture de The Time: «Trump nous a montré ce qu'il voulait. Allez-vous entreprendre quelque ACTION pour protéger notre République?» Ou encore la relation «maître-serviteur» s'est rapidement établie entre les deux leaders.
Le membre du Congrès Steve Cohen s'est presque écrié sur son compte Twitter: «Où est notre armée? Le commandant suprême est tombé aux mains de l'ennemi!»
L'ancien chef de la CIA, John Brennan, s'est de son côté indigné: «La conférence de presse de Donald Trump à Helsinki est plus qu'"un délit important ou infraction mineure". Ça a été une véritable trahison. Non seulement les commentaires de Trump étaient imbéciles, mais il est entièrement dans la poche de Poutine. Patriotes républicains, où êtes-vous?»
D'autres ont fustigé un «sommet de capitulation» et le fait que «Trump semblait très faible comparé à Poutine», et la membre du Congrès Lindsey Graham a même proposé de vérifier le ballon que Poutine avait offert à Trump: «A sa place, je vérifierais le ballon de foot pour savoir s'il y a des puces et je ne permettrais jamais de le faire entrer à la Maison-Blanche».
En cela, la menace qu'on dénonce à cor et à cri semble faire l'objet de beaucoup plus d'attention que les résultats du sommet, même s'ils sont peu concrets.
«Je dois dire que je n'avais pas d'attentes particulières. Comme c'est la première rencontre substantielle de cette sorte, elle devait, à mon avis, revêtir un caractère de mise en jambes pour qu'on puisse, lors de nos contacts ultérieurs avoir un dialogue plus approfondi», a déclaré le Président russe à l'issue de la rencontre, dans un entretien à la télévision russe.
De fait, Vladimir Poutine a d'ailleurs constaté que «de nombreux problèmes demeurent» dans les relations Russie-USA, mais que «le premier pas a été fait».
«Je vais plutôt courir le risque politique, en tentant d'établir la paix, au lieu de mettre en danger la paix au nom de la politique», a affirmé face aux critiques le Président Trump.
Vu la «chasse aux sorcières» antirusse déclenchée par la presse et les cercles politiques américains depuis novembre 2016, ne fallait-il pas s'attendre à ce qu'une tempête de cette sorte se déchaîne après la première rencontre d'importance entre les deux Présidents?