«Volonté d’humilier un pays» par le biais du sport: une «provocation» de mauvais goût

La vidéo du footballeur croate Domagoj Vida prononçant «Gloire à l’Ukraine» après le match contre la Sbornaya a enflammé la Toile russe, d’autant plus qu’il n’a reçu qu’un avertissement de la FIFA. Il a fallu attendre mercredi pour qu’il s’excuse. L’auteur du livre «L'empire foot», Pascal Boniface, commente la situation.
Sputnik

La Croatie sur le terrain du nationalisme footballistique
Le défenseur croate Domagoj Vida, qui a créé un tollé en Russie après avoir enregistré une vidéo dans laquelle il lance «Gloire à l'Ukraine», slogan du coup d'État en Ukraine utilisé par les nationalistes ukrainiens, a présenté mercredi ses excuses aux Russes.

«Je veux m'excuser encore une fois devant la Russie. Je comprends que je me suis trompé. Je voulais tout simplement passer un "bonjour" à mes amis, au café de Kiev. Je respecte les Ukrainiens, les Russes, les Serbes avec qui j'avais joué et je continue à jouer dans le même club», a déclaré Vida. 

​Dans les jours qui ont suivi le scandale, la FIFA l'a sanctionné d'un avertissement. Beaucoup ont jugé le comportement du footballeur non sportif et lui ont reproché de mélanger le sport et la politique.

Pascal Boniface, le directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) et auteur du livre «L'empire foot. Comment le ballon rond a conquis le monde», est du même avis.

«Disons que le sport, la compétition doit s'exprimer sur le terrain et ce genre un peu de volonté d'humilier un pays qui par ailleurs est le pays-hôte, n'est pas très bienvenu. C'est une provocation qui n'est pas de bon goût», a-t-il confié à Sputnik.

L'incident s'inscrit dans un contexte plus large. À l'approche de la Coupe du Monde en Russie certains hommes politiques notamment suédois, britanniques et américains ont appelé à la boycotter. Dans les médias mainstream, la Russie avait été présentée comme un pays dangereux où il ne fallait pas se rendre.

«Tous les supporters qui sont allés en Russie ont répété à l'envie qu'ils ont été bien accueillis, que les choses se sont bien passées. Toute la Russie a mené une image accueillante qu'elle n'avait pas forcément et en ce sens-là c'est une réussite. On a vu que les stades étaient modernes, que les infrastructures étaient bien là, donc c'est un point positif pour la Russie», a souligné le directeur de l'IRIS.

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Cette réussite pourrait-elle contribuer à l'amélioration des relations entre la Russie et les pays occidentaux? Pascal Boniface reste sceptique:

«Ça peut éventuellement améliorer la perception de la Russie dans une partie des opinions publiques […], mais cela ne changera en rien — cela peut changer la vision que beaucoup de gens dans le monde ont de la Russie, cela ne changera pas les épineux désaccords stratégiques qui existent entre les Occidentaux et la Russie», a-t-il conclu.

Gianni Infantino, président de la FIFA, a affirmé que la Coupe du Monde de football 2018 était la meilleure de l'Histoire du championnat. Il a souligné que cette dernière avait eu un impact sur la perception de la Russie à l'échelle mondiale et a tenu à remercier tous ceux qui ont fait de leur mieux pour l'organiser.

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