Cette nouvelle vague de pressions émanant de Washington est certainement liée à la mise en place d'un nouveau gouvernement en Turquie, suppose Beyazit Karatas, major général à la retraite de l'armée de l'air turque et vice-président du parti Vatan, non représenté au parlement, dans un entretien accordé à Sputnik.
«Les États-Unis ne cesseront d'exercer des pressions en ce sens sur la Turquie au vu de la mise en place actuelle d'un nouveau gouvernement. On sait que le pays est passé à un nouveau modèle de direction, devenant une république présidentielle. […] À mon avis, Washington en profitera pour empêcher la mise en application du contrat d'achat des S-400», a déclaré l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter que par leurs menaces de suspendre la livraison de leur F-35 à la Turquie, prétendant que des informations secrètes les concernant risqueraient ainsi de tomber entre les mains de Moscou, les États-Unis se mettent eux-mêmes dans une situation saugrenue.
«La Chine, par exemple, a depuis longtemps reçu toutes les informations nécessaires sur les F-35 américains et en a élaboré son propre modèle, le J-31», a-t-il expliqué.
Selon l'observateur politique Ceyhun Bozkurt, autre interlocuteur de Sputnik, dans la situation internationale d'aujourd'hui la Turquie a tout simplement besoin d'avoir sa propre DCA.
«Quoi qu'il en soit, les États-Unis, dont la posture d'alliés de la Turquie se limite à des questions strictement économiques, s'opposent fermement à ce qu'Ankara achète des S-400 à la Russie. […] Si les USA n'entendent pas attaquer la Turquie, ils n'ont rien à craindre des S-400. Mais si l'Amérique a pour objectif de priver la Turquie de son système de défense et de l'agresser militairement, ce sera une toute autre histoire», a conclu M.Bozkurt.
Wess Mitchell, chargé des relations avec l'Europe et l'Otan au département d'État américain, a récemment déclaré que la Turquie devrait s'attendre à des sanctions si elle décidait d'acheter à la Russie ses systèmes de missiles sol-air S-400.
Deuxième plus grande armée de l'Otan en terme d'effectifs, la Turquie a co-signé en décembre dernier avec la Russie un accord sur des livraisons de missiles S-400 pour près de 2,5 milliards d'euros. Ce contrat prévoit l'achat par Ankara de deux batteries de systèmes S-400. Les deux pays se sont mis d'accord quant à une coopération technique dans ce domaine qui permettrait à la Turquie de produire des missiles sol-air sur son propre territoire.
Le S-400 Triumph est le plus moderne système russe de défense antiaérienne et antimissile, également capable de détruire des cibles terrestres si nécessaire. La portée des missiles équipant les S-400 dépasse les 400 kilomètres et ils peuvent atteindre une altitude de 30 kilomètres.