Dépakine: l’usine Sanofi accusée de rejets toxiques

L'usine de Sanofi près de Pau rejette dans les airs des produits toxiques «à des taux astronomiques», dénonce France nature environnement, qui porte plainte. Sanofi dément, une réunion est prévue mercredi.
Sputnik

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L'antiépileptique Dépakine fait une nouvelle fois parler de lui. D'après France Info et Mediapart, l'usine de Sanofi à Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), où le groupe pharmaceutique produit la Dépakine, rejette dans l'air des matières dangereuses «bien au-delà des normes».

Lundi, l'association France nature environnement (FNE), qui s'appuie sur un rapport de la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL), a dénoncé la gravité de la situation: car si l'usine a l'autorisation d'émettre «cinq composés organiques volatils (bromopropane, toluène, isopropanol, valéonitrile et propène) dans l'air dans la limite globale de 110 mg/m3», leur taux dépasse 7.000 fois la norme autorisée.

«Comment ils font pour qu'il y ait à ce point de dépassement, et ne pas informer l'inspection en temps voulu? […] C'est inadmissible», ne cesse de s'interroger Cathy Soublès, de Sepanso, fédération, affiliée à France nature environnement, qui siège à la commission de suivi de site.

«Je me suis demandé si je n'avais pas loupé quelque chose en cours de math», explique-t-elle lorsqu'elle reçoit le rapport d'inspection: «On est restés scotchés». 

«Le bassin industriel de Lacq, c'est quatre plateformes. On a des riverains qui se plaignent de problèmes respiratoires. Incriminer telle ou telle industrie, c'est très compliqué parce qu'il y a 140 substances qui sont recensées sur ce bassin industriel», poursuit la militante.

La situation est encore plus dramatique dans le cas du bromopropane, qui entre dans la composition du valproate de sodium (Dépakine): «On a un soucis avec le bromopropane, qui a un dépassement, en octobre 2017, de 90-000 fois supérieur aux normes imposées, et de 190-000 fois supérieur en mars 2018». La substance, inodore, est classée comme cancérigène mutagène et avec des effets susceptibles d'altérer la fécondité.

«Depuis combien de temps ça dure, c'est la grande question», lance Cathy Soublès. Ce qui est sûr, c'est que ces dysfonctionnements étaient bien connus.

Un rapport de la DREAL, sous l'égide de la préfecture des Pyrénées-Atlantiques, et daté du 14 avril 2018, révèle la situation. La préfecture met en demeure Sanofi, avec l'obligation de respecter les limites officielles dans les trois mois, suivant un arrêté publié le 19 avril.

«Étant au courant, comment peut-on autoriser, sur trois mois, ces dépassements-là?», s'interroge toujours Mme Soublès.

«Est-ce qu'il n'y a pas d'autres moyens pour obliger très rapidement, voire immédiatement, l'industriel à arrêter ces rejets?»

Sanofi a réagi à ces accusations, reconnaissant «un problème de dépassement localisé des seuils de rejet de vapeur de solvants», tout en assurant que «les populations ne sont pas exposées à des niveaux supérieurs aux seuils fixés par la réglementation».

«Un plan d'actions a immédiatement été engagé par le site qui a mis en place une unité de collecte et de traitement des rejets afin de les réduire significativement. Cette unité est en cours de démarrage», précise Sanofi, qui assure avoir «pris toute la mesure» du problème, identifié fin 2017.

Les discussions risquent d'être animées ce mercredi 11 juillet, lors de la réunion plénière du suivi de site: «On verra leur réaction mercredi», poursuit Mme Soublès, alors que FNE a déjà prévu de porter plainte: «Avec un rapport comme ça entre les mains, on réfléchit aux actions juridiques que l'on peut faire».

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