Les bombes anti-bunker reviennent à la mode

Pour percer plusieurs mètres de béton armé protégeant un poste militaire renforcé, pour détruire la piste d'atterrissage d'un aérodrome ennemi ou un silo avec des missiles nucléaires, il existe des bombes aériennes et des obus d'artilleries spéciaux anti-bunker.
Sputnik

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Ces puissantes munitions sont de plus en plus utilisées pour lutter contre les terroristes qui utilisent des abris souterrains, notamment en Syrie.

Retour sur le développement des bombes anti-bunker et sur leurs particularités.

Une masse en acier

Les artilleurs soviétiques ont utilisé des munitions anti-bunker pendant la guerre d'hiver contre la Finlande. Après les premières tentatives ratées de percer la ligne de Mannerheim et les grandes pertes d'effectifs, le commandement a décidé d'utiliser plus activement l'artillerie avant d'envoyer au combat le matériel blindé et l'infanterie. Les mortiers B-4 de 203 mm étaient particulièrement efficaces contre les renforcements en béton armé dans l'isthme de Carélie.

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Leurs obus brise-béton s'enfonçaient dans les parois de deux mètres du blindage multicouche des bunkers, réduisant les blockhaus et les postes de tir en gravats. Ces géants ont détruit plusieurs centaines de structures coûteuses, et le mortier B-4 a même été surnommé «la masse de Staline» par les Finlandais pour sa puissance et sa destructivité.

Le succès de l'artillerie brise-béton a inspiré les militaires et les ingénieurs soviétiques à élaborer la version aérienne de ces bombes. La première bombe anti-bunker soviétique BetAB-150DS a été conçue à partir de la munition d'artillerie de 203 mm. L'ogive de la bombe pesait plus de 100 kg et son propulseur à réaction lui apportait une accélération supplémentaire au moment de l'approche de la cible. La BetAB-105 pénétrait dans la roche à plus de 1,5 m de profondeur en formant un cratère de 2 m de diamètre.

La polyvalence

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Après la guerre, l'aviation de bombardement s'est dotée d'outils plus solides — des bombes de 500 kg. Ces munitions, qui ont suivi plusieurs étapes de modernisation, sont encore utilisées aujourd'hui par l'armée de l'air russe, notamment en Syrie. Les frappes chirurgicales avec des bombes anti-bunker air-sol détruisent les postes de commandement fortifiés les bunkers particulièrement protégés, les dépôts souterrains d'armements et les communications des terroristes.

Les bombes brise-béton se distinguent des bombes à fragmentation ou perforantes avant tout par leurs parois épaisses renforcées et la solidité particulière de leur coque. L'obus doit entrer dans le massif en béton armé à angle droit et à grande vitesse. Le détonateur se déclenche avec un retard. La munition explose directement dans l'épaisseur du béton ou à l'intérieur de l'édifice s'il perce la paroi. C'est pourquoi seules les armes puissantes de gros calibre conviennent, dans l'artillerie, pour détruire des structures de béton solides.

En ce qui concerne l'aviation, l'armée de l'air russe dispose de plusieurs types de bombes anti-bunker — à chute libre et à réacteur. La BetAB-500 ordinaire peut être transportée par pratiquement tout avion d'attaque moderne. Elle est lancée depuis une altitude de plusieurs milliers de mètres pour que la munition ait le temps de développer une grande vitesse et avoir une réserve suffisante d'énergie cinétique pour percer à coup sûr les obstacles. La bombe de 500 kg franchit sans problème un mètre de béton ou trois mètres de terre.

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La version BetAB-500ChP est dotée d'un parachute pour une stabilisation en vol, et le moteur à réaction apporte une accélération supplémentaire à l'approche du sol. La capacité de pénétration est presque identique, mais grâce à sa structure spéciale la bombe peut être lancée à basse altitude, et elle est bien plus précise que la BetAB-500 ordinaire.

L'une des munitions les plus modernes dans l'arsenal de l'armée de l'air russe est la bombe brise-béton à sous-munitions RBK-500U, composée de dix ogives, particulièrement efficace pour éliminer des cibles de grande superficie. Les obus réduits se dispersent dans un rayon de quelques dizaines de mètres en détruisant les pistes d'atterrissage, les bandes de roulement des aérodromes et les autoroutes.

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L'armée américaine a également appris à utiliser l'arme anti-bunker. La bombe guidée GBU-28, spécialement conçue pour l'opération Tempête du désert dans le Golfe en 1991, est la plus répandue. Les militaires américains manquaient alors de puissance de feu pour détruire les bunkers gouvernementaux et les postes de commandement de l'armée irakienne.

Pour accélérer les travaux (deux semaines avaient été imparties à l'industrie) les premières versions de la GBU-28 étaient dotées de la coque des canons de 203 mm des pièces d'artillerie. Lors des essais, la munition de plus de 2 tonnes et contenant presque 300 kg d'explosif perçait jusqu'à 6 mètres de béton. Et la précision du tir était améliorée grâce au pointage laser.

Pendant l'opération Tempête du désert, les Américains lançaient ces bombes fabriquées à la hâte depuis des bombardiers F-111. Dans les bunkers et les abris souterrains ne se trouvaient pas seulement les militaires et les membres du gouvernement, mais également des civils ordinaires. Des centaines de morts et de blessés ont été rapportés quelques jours après ces bombardements.

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La BLU-109/B est à peine moins imposante. La bombe pèse près de 500 kg et perce des parois jusqu'à 2 m d'épaisseur. Son avantage: elle est équipée de systèmes intelligents de guidage JDAM et Paveway III.

D'autres pays développent également des bombes anti-bunker. Par exemple, l'armée de l'air israélienne dispose de MRP-500, alors que les pilotes français utilisent des BLU-107 Durandal pénétrantes. Il est évident que cette arme n'est pas près de prendre sa retraite.

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