Madeleine Albright voit la paille dans l’œil de Donald Trump

L’ancienne secrétaire d'État américaine Madeleine Albright, connue pour avoir apporté son soutien aux sanctions internationales contre l'Irak qui ont provoqué la mort de 500.000 enfants, se pose en experte de la démocratie et a qualifié Donald Trump de «Président le plus anti-démocratique de l’histoire contemporaine» des États-Unis.
Sputnik

Après avoir déclaré en 1996 que «le prix en valait la peine» pour tout commentaire de la mort de plus de 500.000 enfants consécutive à l'intervention des États-Unis en Irak, Madeleine Albright a récemment indiqué dans un entretien à la BBC que Donald Trump était le Président le «plus anti-démocratique de l'histoire contemporaine» des États-Unis. Elle a toutefois précisé qu'il n'était pas «fasciste».

«Je ne pense pas que Donald Trump soit fasciste. Mais je pense qu'il est le Président le plus anti-démocratique de l'histoire contemporaine américaine et cela m'inquiète. Et, en fait, ce n'est pas facile pour l'ancien diplomate d'être dans un pays étranger et de critiquer son propre Président, mais je suis préoccupée», a-t-elle notamment déclaré.

Quand Madeleine Albright approuvait la mort de 500.000 enfants en Irak
Mme Albright s'est aussi prononcée sur le «langage» auquel Donald Trump a recours pour parler des migrants.

«Je crois que chaque pays a le droit d'élaborer ses lois en matière d'immigration mais je trouve le langage que le Président Trump utilise tout à fait offensif», a-t-elle souligné.

Lors de l'émission «60 Minutes» diffusée sur CBS News le 12 mai 1996, une journaliste cherchait à savoir si les sanctions contre l'Irak, qui avaient causé la mort de plus de 500.000 enfants (chiffre dépassant le nombre de victimes d'Hiroshima), était défendables. Madeleine Albright avait alors répondu que «c'était un choix très difficile, mais le prix en valait la peine.»

Par la suite, elle avait présenté ses excuses pour ses déclarations, expliquant qu'«on l'avait provoquée».

L'état de guerre dans lequel l'Irak a été plongé par l'intervention américaine a porté un coup très rude au niveau de vie de la population. Le nombre de morts permet d'évoquer la notion de génocide, selon Denis Halliday nommé en 1997 coordinateur du programme humanitaire de l'Onu mais qui a, à son arrivée en Irak, choqué par les conditions dans lesquelles vivaient les gens, a refusé en 1997 de diriger la mise en œuvre des sanctions anti-irakiennes.

Face à Trump, Madeleine Albright prête à se convertir à l'islam
Quinze ans après l'intervention américaine en Irak et plus d'une vingtaine années après l'entrée en vigueur des sanctions économiques anti-irakiennes qui ont été maintenues jusqu'en 2003, le pays lutte toujours contre d'innombrables problèmes du fait des tentatives pour y établir de la démocratie.

Après l'invasion de l'Irak, les États-Unis ont réussi à renforcer leurs positions sur le marché pétrolier mondial. La série de guerres et la déstabilisation du Proche-Orient ont entièrement éclipsé le problème de la Palestine. Des milliers d'Américains sont toujours en Irak. Bagdad doit encore résoudre la question des déplacés. C'est un problème d'actualité et chaque mouvement politique irakien propose sa propre solution. C'est un des défis que devront relever les vainqueurs des élections législatives de mai dernier.

Madeleine Albright a été secrétaire d'État de 1997 à 2001 sous la présidence du démocrate Bill Clinton. Elle est devenue la première femme dans l'histoire du pays à occuper ce poste. Actuellement, Mme Albright, qui a fait campagne pour Hillary Clinton lors de l'élection présidentielle de 2016, donne des cours à l'Université de Georgetown.

Discuter