Titre de la plus haute poubelle du monde décerné à l’Everest, cas réel ou simple business?

Les déchets que l’homme laisse sur l’Everest en l’escaladant en font-ils vraiment la plus haute poubelle du monde, comme l’affirment souvent les médias, ou sont-ils un business pour certains? Un alpiniste russe, qui connaît bien cette montagne, dévoile à Sputnik le côté inattendu du problème... réellement aigu?
Sputnik

La conquête du toit du monde, l'Everest, réalisé chaque année par des milliers d'alpinistes n'est pas sans conséquences pour l'écologie. Sergueï Kovalev, directeur général du marketing de l'entreprise russe «AlpIndustria», dévoile, dans une interview accordée à Sputnik, l'envers du problème des déchets qui restent sur les flancs de l'Everest après de grandes expéditions. Il explique également que ces effets collatéraux néfastes de l'escalade du sommet le plus haut du monde n'atteignent pas vraiment l'échelle que présentent d'habitude les médias.

Des milliers d'articles intitulés «Everest, la plus haute poubelle du monde » ont été publiés. Des photos témoignant des traces impitoyables qu'y laisse l'homme inondent les réseaux sociaux et les médias. Est-ce le visage réel du problème?

«Oui, on voit des photos, mais, d'habitude, elles sont prises au moment où une partie des expéditions a quitté le camp et où les sherpas n'ont pas encore ramassé les déchets. En pratique, je peux dire, que le problème n'est pas à ce point critique, même s'il faut y faire attention et ramasser les déchets», estime Sergueï Kovalev.

Et de poursuivre:

«Le nettoyage de l'Everest est devenu un business. Des gens s'y font de l'argent. Le ramassage des déchets de l'Everest est un moyen sûr pour collecter des fonds pour gravir l'Everest.»

Sergueï Kovalev, directeur général du marketing de l'entreprise russe «AlpIndustria»

Qu'est-ce que représentent, en général, les déchets sur l'Everest ou sur d'autres montagnes aussi populaires? Des tentes usées et des restes de matériel. En ce qui concerne, par exemple, les bombonnes d'oxygène, on ne les laisse plus là-bas, estime Sergueï, parce qu'aujourd'hui elles sont réutilisables.

«Le Népal s'est soucié de la situation plus tôt que la Chine: ils ont de nombreux programmes sur la collecte des déchets sur l'Everest et il faut l'avouer, ils le font avec succès. La Chine a commencé à s'en occuper il y a à peu près deux ans. Une enthousiaste européenne qui y habite collecte des fonds depuis deux ans et organise des expéditions écologiques. Le camp de base de l'Everest en est vraiment devenu plus propre.»

Une fois atteint le sommet de l'Everest, les téméraires considèrent leur mission comme accomplie, ils laissent tout sur la montagne, ce qui est par la suite ramassé par les sherpas, raconte Sergueï Kovalev. Un autre «moyen» de nettoyer le point le plus haut de la planète est celui-ci:

«En fait, tous les déchets, en règle générale, sont emportés par les avalanches, ce qui fait que la montagne se purifie elle-même. C'est pourquoi, à mon avis, de problème des déchets sur l'Everest, il n'y en a pas aujourd'hui, on les ramasse.»

En outre, le problème des déchets sur l'Everest est réglé par d'autres moyens. Chaque expédition est obligée de payer une caution de 5.000 dollars avant d'escalader la montagne et aussi de rendre un certain volume de déchets une fois l'expédition finie.

«Les alpinistes sont obligés de payer une caution écologique et de ramasser tous leurs déchets. Ce n'est que sous cette condition qu'ils peuvent récupérer leur caution. Sinon, ces fonds passent à des expéditions écologiques qui s'occupent du nettoyage de la montagne», explique Sergueï.

 

 

Il y a, certainement, une partie de déchets qui restent sur les flancs de la montagne à jamais. Sergueï Kovalev explique que, par exemple, le camp de base du côté népali de l'Everest compte mille personnes qui restent pendant 90 jours sur le glacier. Il est difficile de ramasser, par exemple, les mégots. De plus, le glacier bouge, en hiver, et puis, en hiver, les coulées de neige emportent avec elles tous les petits déchets qui restent. Pourtant, il n'y a plus aucune décharge sur le côté népali, estime l'alpiniste.

«La question de déchets est philosophique. Nettoyant un endroit, on contamine un autre. Le problème réel des déchets sur l'Everest c'est que l'on peut transporter des déchets d'un endroit vers d'autres», conclut Sergueï Kovalev.

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