Ces projets militaires secrets révélés par accident

Quand ils développent un nouveau char, avion, missile ou fusil, les ingénieurs et ceux qui testent ces nouveautés font tout pour tenir le matériel au secret.
Sputnik

La moindre fuite, et les savoir-faire technologiques confidentiels mis en œuvre dans un projet deviennent immédiatement connus de tous. Y compris d'un éventuel ennemi qui recevra toutes les informations sur les points forts et faibles de l'arme-miracle.

Voici quatre armements dont l'existence a été révélée au grand public accidentellement.

Chengdu J-20 (Chine)

J-20

Le programme de conception du chasseur de 5e génération de la Chine a été gardé dans le plus grand secret pendant des années. Le nouvel appareil était développé depuis la fin des années 1990, mais le commandement de l'armée de l'air chinoise a pour la première fois annoncé officiellement que le projet en était à un stade avancé en 2009. A l'époque, l'aspect du J-20 n'était pas encore connu. Internet débordait de nombreux fakes et montages photo de cet appareil. Parmi eux: plusieurs photos floues et de basse résolution du J-20 au sol parues sur quelques blogs chinois spécialisés dans les questions militaires en décembre 2010. Or ces images étaient véridiques. Selon l'une des versions, elles avaient été prises par des observateurs qui avaient réussi à s'approcher du centre d'essai. Selon une autre, les photos auraient été publiées par les militaires chinois eux-mêmes pour montrer au monde le progrès technique de la Chine.

Le commandement chinois n'a pas confirmé l'authenticité des photos et a continué de garder secrète la majeure partie des informations sur les essais du chasseur furtif. Les photos officielles du J-20 n'ont fait leur apparition que le 11 janvier 2011, quand le prototype a décollé pour la première fois. Le nouvel appareil a été présenté au grand public le 1er novembre 2016 dans le cadre du salon aérospatial Airshow China 2016. Le chasseur a été mis en service début 2017.

Statut 6 (Poséidon)

Le projet russe de drone sous-marin nucléaire Statut 6 a été révélé par les médias le 10 novembre 2015 pendant une réunion de Vladimir Poutine avec les représentants du ministère de la Défense. L'opérateur d'une chaîne fédérale a fait un gros plan de la page d'une présentation feuilletée par un général. On y devinait les silhouettes des sous-marins spéciaux Belgorod et Khabarovsk dotés de ferrures d'attache inférieures capable de transporter des appareils à grande profondeur. Au centre du dessin se trouvait une immense torpille avec des caractéristiques incroyables: portée de 10.000 km, profondeur d'immersion de 1.000 m, vitesse maximale jusqu'à 100 nœuds.

La Russie teste un sous-marin sans pilote porteur d'armes nucléaires
Cette fuite (accidentelle ou intentionnelle, on l'ignore toujours) a provoqué une véritable panique au sein de l'Otan. Les spécialistes militaires et civils tentaient de comprendre si cette arme existait réellement ou si les Russes avaient organisé une désinformation. Fin 2016, le magazine Popular Mechanics, se référant à des sources du Pentagone, a rapporté des essais réels du Statut 6. D'après les renseignements américains, le futur drone d'attaque a été lancé depuis le sous-marin spécial B-90 Sarov. L'existence de cette arme a été confirmée par Vladimir Poutine le 1er mars 2018. Ce système sera mis en service dans la marine russe sous le nom de Poséidon.

Sea Shadow (USA)

Le navire expérimental Sea Shadow (IX-529) a été conçu par la compagnie Lockheed Martin pour la marine américaine en 1985. Le Pentagone avait commandé ce navire furtif original inspiré par le succès du F-117 Night Hawk. Les mêmes technologies furtives que le bombardier ont été utilisées dans l'élaboration et la construction de l'unique exemplaire du Sea Shadow. Depuis le départ, ce prototype n'avait pas d'avenir dans la marine parce qu'il était uniquement prévu pour la démonstration de technologies. Et les Américains ont effectivement réussi à montrer que les navires pouvaient être peu visibles au radar. Toutes les puissances navales utilisent aujourd'hui des éléments de technologies furtives dans la construction de navires.

Sea Shadow IX-529

Or, au milieu des années 1980, la construction et les nouveautés technologiques du Sea Shadow constituaient une véritable percée. Bien évidemment, le Pentagone tenait ce projet au plus grand secret. Pour éviter les fuites, le IX-529 a été assemblé à l'intérieur d'une immense barge sur la côte californienne. Le navire sortait en mer uniquement de nuit. Mais une photo d'un «objet flottant non identifié» sur fond de crépuscule s'est tout de même retrouvée dans les journaux locaux. L'image n'a pas fait beaucoup de bruit — à Redwood circulaient déjà des rumeurs selon lesquelles le groupe Lockheed construisait un navire-miracle dans la région. Le Sea Shadow a été présenté au grand public en 1993, quand le navire a été transféré à la base navale de San Diego.

K2 Black Panther

L'apparition de chars K2 Black Panther dans l'armée sud-coréenne en 2007 était complètement inattendue pour bien des spécialistes. Ces véhicules de pointe rapides et mobiles, dotés d'une électronique sophistiquée d'origine sud-coréenne n'avaient rien à envier, voire dépassaient les chars occidentaux. Cela a notamment été rendu possible grâce au régime de secret total en vigueur au sein de l'entreprise Hyundai Rotem. Le Black Panther était testé uniquement sur des polygones à l'abri des regards (et des moyens d'observation), et ses caractéristiques techniques ont été gardées secrètes jusqu'au dernier moment. Séoul craignait sérieusement l'espionnage industriel de la Chine et de la Corée du Nord.

Mais début 2000, plusieurs images de prototypes avec des tourelles entourées de filets de camouflage sont parues dans la presse. Les connaisseurs ont immédiatement déterminé les gabarits et la masse approximative du véhicule, ainsi que son armement principal: une version du canon de 120 mm du groupe allemand Rheinmetall. Mais l'électronique de bord, les moyens de communication et le dispositif de protection active restaient confidentiels. Aujourd'hui, l'armée de l'air sud-coréenne dispose de 100 chars K2. 100 chars supplémentaires devraient entrer en service dans les années à venir.

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