Le problème majeur pour la Macédoine est que ledit accord prévoit des amendements à la Constitution et l'usage de son nouveau nom «erga omnes», à savoir non seulement sur la scène internationale, mais aussi à l'intérieur même du pays, a déclaré à Sputnik Ljupco Cvetanovski, journaliste sur la chaîne de télévision macédonienne ALFA.
«Toutes nos institutions devront devenir nord-macédoniennes. Nous aurons la Philharmonie nord-macédonienne! Et comment va-t-on appeler les villes de Makedonski Brod et de Makedonska Kamenitsa? On devra même changer les plaques d'immatriculation sur nos voitures. Toute la Macédoine est en colère, tout le monde est furieux», a expliqué l'interlocuteur de l'agence.
Et d'ajouter qu'il ne s'agissait d'aucun compromis, mais d'une capitulation pure et simple de la part de Skopje.
«Ce n'est pas un compromis, c'est le diktat grec», a martelé M.Cvetanovski.
Selon ce dernier, l'unique solution acceptable pour la Macédoine serait le maintien de l'ancien nom pour l'usage à l'intérieur du pays, ce qui permettrait d'éviter la nécessité d'apporter des amendements à la Constitution. Quoi qu'il en soit, la réaction d'Athènes montre explicitement que cela ne l'arrange pas.
«Les manifestations ne deviennent pas encore plus massives en raison de l'interpellations de manifestants. Mais même en dépit de la peur de l'arrestation, près de 20.000 personnes sont descendues dans la rue, bien que les actions aient été organisées par une association locale de supporters, les Komiti [des ultras du club du FK Vardar Skopje, ndlr]. Imaginez-vous combien de Macédoniens auraient pu manifester si ces actions avaient été organisées par un parti politique quelconque?», a indiqué l'interlocuteur de Sputnik.
Un éventuel changement de nom de l'Ex-république yougoslave de Macédoine (ARYM) en République de Macédoine du Nord a provoqué de très vives réactions, souvent ironiques, des Macédoniens sur les réseaux sociaux.
«La Macédoine du Nord est un pays dans les Balkans de l'Ouest en Europe du Sud-Est.»
- Comment t'appelles-tu?
— Donka.
— C'est un abrégé de quoi?
— De Nordmakedonka.
«La nouvelle appellation de la Macédoine a été saluée par l'Irlande du Nord, la Corée du Nord, la Caroline du Nord et la chanteuse croate Severina [du nord, en français, ndlr] Vučković-Kojić Keba.»
Depuis l'indépendance de la Macédoine en 1991, la Grèce s'oppose à ce que cette ancienne république yougoslave garde le nom de Macédoine, parce qu'elle a sa propre province septentrionale du même nom qui fut le berceau de l'empire d'Alexandre le Grand, un joyau du patrimoine historique grec.
En outre, les Grecs estiment que les Macédoniens, en utilisant leur ancien nom, pourraient avoir des revendications sur la province grecque homonyme.
Les gouvernements grec et macédonien ont signé, dimanche 17 juin, un accord pour rebaptiser l'actuelle Ex-république yougoslave en Macédoine du Nord et lever le verrou grec à l'entrée de la Macédoine dans l'Union européenne et dans l'Otan.
La Macédoine a été admise aux Nations unies en 1993 sous le nom provisoire d'Ancienne république yougoslave de Macédoine (ARYM), mais plus de 140 pays, dont la Russie et les États-Unis, ont reconnu le pays des Balkans sous le nom de «République de Macédoine».
Skopje espère obtenir une date pour ouvrir ses pourparlers d'adhésion à l'UE lors du sommet européen fin juin et recevoir une invitation à rejoindre l'Otan à la mi-juillet.