Les premières manifestations
C'est à 9 h qu'a débuté à Québec la toute première manifestation contre ce sommet controversé qui réunit les dirigeants du Canada, des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni, de l'Allemagne, de l'Italie et du Japon. Plutôt modeste, cette mobilisation était organisée par Oxfam, un organisme international qui a récemment fait les manchettes en raison du grand scandale d'abus sexuels ayant impliqué plusieurs de ses employés en Haïti.
En soirée, une manifestation sous forme de grande marche a débuté vers 18 h et rassemblait officiellement plus d'une cinquantaine de groupes protestataires opposés à la mondialisation économique. Malgré les appréhensions des autorités, la marche s'est déroulée sans affrontements majeurs entre forces de l'ordre et manifestants.
Quelques centaines de contestataires ont défilé dans plusieurs grandes artères de la Capitale du Québec, toujours soigneusement encadrés par les agents de la paix.
La controverse Donald Trump
C'est dans un contexte très particulier que Donald Trump arrivera dans la grande région de Québec. La semaine dernière, Trump a suscité le mécontentement d'une bonne partie de l'industrie canadienne et du gouvernement Trudeau en annonçant que Washington imposerait des taxes douanières sur l'importation d'acier et d'aluminium en provenance du Canada. Un dossier que tous les commentateurs jugent préoccupant.
Pour justifier l'imposition de ces taxes douanières, le Président américain a invoqué des raisons de sécurité nationale, ce qui avait particulièrement choqué le Premier ministre Justin Trudeau. D'ailleurs, le 2 juin dernier, Bruno Le Maire, le ministre des Finances français, s'était aussi dit très déçu de voir qu'une clause de sécurité avait été utilisée pour imposer des taxes sur l'acier et l'aluminium au Canada et à l'Union européenne. La veille de la première journée d'échanges, Justin Trudeau a déclaré en présence d'Emmanuel Macron, au Parlement canadien à Ottawa, que
«Ce sont des propos risibles que le Canada, la France, les Européens puissent représenter une menace pour la sécurité nationale des États-Unis, car nous sommes les meilleurs alliés que les États-Unis ont eus depuis longtemps».
Une déclaration qui peut paraître ironique dans le cas du Premier ministre canadien, car son père, Pierre-Elliot Trudeau, a été l'un des Premiers ministres canadiens à s'être le plus distancé des États-Unis sur le plan diplomatique. En 1976, Pierre-Elliot Trudeau était même allé visiter Cuba, ce qui avait suscité la colère et l'indignation de Washington. Pierre-Elliot Trudeau, dont le fils aspire à préserver l'héritage, a été le premier dirigeant de l'OTAN à visiter l'île depuis la révolution socialiste de 1959.
Outre le délicat dossier de l'acier et de l'aluminium, qui est revenu miner les relations cordiales entre le Canada et les États-Unis, Trump s'est illustré la veille du sommet via son compte Twitter. Jeudi 6 juin au matin, il déclarait qu'il se préparait à «aller au G7 pour se battre pour son pays à propos des questions commerciales» et soulignait que les pays étaient aujourd'hui liés par les «pires accords commerciaux jamais faits».
De quoi donner le ton à ce sommet où Trump apparaîtra comme un président fonceur, indépendant, et aux tendances protectionnistes au milieu de la coalition néo-libérale des autres pays.
Une distraction pour Trump?
Selon des informations révélées par le Washington Post, le Président américain considère ce sommet comme une «distraction», jugeant sa prochaine rencontre avec Kim Jong Un beaucoup plus importante. Le 12 juin prochain, rappelons que Trump rencontrera le leader nord-coréen, à Singapour, pour tenter de trouver une première solution au conflit historique qui sépare les deux Corées au 38e parallèle.
Rappelons enfin que ce sommet avait été rebaptisé G8 après le démantèlement de l'Union soviétique afin d'y inclure la Russie, autre grande puissance mondiale. Cependant, la Russie a été écartée du groupe en 2014, après la réintégration de la Crimée à son territoire.