«F-35 ou S-400»

La Turquie pourrait se retrouver sans chasseurs F-35 de 5e génération. Des amendements en ce sens ont été inclus dans la loi sur le budget militaire des USA pour 2019 (NDAA'19) soumis à la commission des forces armées du Sénat.
Sputnik

L'amendement sur le partenariat avec la Turquie concernant les F-35 inclus dans la loi sur le budget militaire des USA pour 2019 précise que cette mesure vise à raisonner les autorités turques qui refusent de libérer le citoyen américain Andrew Brunson. Ce dernier vivait en Turquie depuis 23 ans, possédait un titre de séjour et dirigeait une petite communauté protestante dans la ville d'Izmir, écrit lundi 28 mai le quotidien Izvestia.

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Il a été inculpé en octobre 2016 pour ses liens supposés avec les organisateurs du coup d'État militaire avorté du 15 juillet 2016. Les autorités turques refusent d'extrader Brunson tant que les USA ne leur livreront pas l'imam turc Ferthullah Gülen, considéré à Ankara comme le principal inspirateur des événements du 15 juillet.

Les amendements américains préconisent au Pentagone d'élaborer et de présenter un plan pour exclure la Turquie du programme de partenariat concernant les F-35.

Ankara a vivement réagi aux amendements suggérés. «Conformément aux accords en vigueur, tout le monde a ses propres engagements, et nous attendons que toute le monde les tienne. Or ces démarches (les sanctions) détruisent l'esprit des relations d'alliés avec les USA. Si cette décision était prise, comme l'a souligné notre ministre, nous n'aurions pas d'autre choix que de prendre des contremesures», a annoncé le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères Hami Aksoy.

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Un autre amendement figurant dans le projet de texte des sénateurs est encore plus intéressant. Il critique fermement la Turquie pour sa coopération militaro-technique avec la Russie et stipule qu'Ankara pourrait faire l'objet de sanctions si le ministère turc de la Défense achetait des systèmes antiaériens russes.

Il est ici question de la livraison de deux régiments de systèmes antiaériens russes S-400, convenue entre Moscou et Ankara fin 2016-début 2017 et pour laquelle le contrat a été signé en décembre 2017. Le montant total du contrat avoisine les 2,5 milliards de dollars et les livraisons devraient commencer à partir de juillet 2019.

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Dans le projet de budget militaire américain, les questions concernant les F-35 et les S-400 sont associées de manière très simple et pratique.

«Nous ne sommes pas du tout convaincus qu'il faille transmettre des technologies aussi sensibles que les avions F-35 à un pays qui achète des systèmes antiaériens russes, précisément conçus pour abattre des avions. Notre amendement vise à apporter au département d'État et au ministère de la Défense l'orientation nécessaire et toute l'aide du Congrès pour exclure un tel scénario», commente la sénatrice américaine Jeanne Shaheen.

A ce sujet, Hami Aksoy a déclaré que les questions relatives aux S-400 et aux F-35 «n'étaient pas liées» selon lui.

«Les USA ne sont plus un fournisseur exclusif de matériel militaire. Nous pouvons en acheter à d'autres pays. Nos amis américains espèrent encore avoir un levier de pression sur nous, mais il est perdu», constate une source haut placée de l'entourage du Président turc Recep Erdogan.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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