Mais pourquoi alors tant d'agitation si la représentante américaine à l'Onu insiste sur le fait qu'«aucun autre pays n'aurait agi avec plus de retenue qu'Israël» et que la presse américaine parle de la protection d'Israël?
Si l'on compare l'attitude de Nikki Haley et celle des Américains, une vive disparité ne peut que sauter aux yeux.
«Le Hamas apprécie les résultats d'hier», alors qu'Israël montre «de la retenue», a-t-elle déclaré lors de la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies qui s'est tenue le jour où les Palestiniens se souviennent avec douleur de la Nakba.
Son homologue palestinien Riyad Mansour a jugé que ses propos étaient «racistes» et lui a demandé «Combien de Palestiniens devraient encore mourir pour que les USA prennent des mesures?». Mais Mme Haley a préféré la fuite et a quitté la salle du Conseil de sécurité sans fournir de réponse. Boris Johnson ne se comporte pas autrement quand le gouvernement britannique est interpellé sur le dossier palestinien.
La presse américaine semble partager en majorité la ligne de Nikki Haley. A titre d'exemple, les formulations délicates de The Wall Street Journal: «Israël confronté aux critiques internationales pour les morts à Gaza», titre-t-on, ajoutant qu'Israël défendait en effet le droit «de protéger son peuple» et que les Palestiniens «enterraient leurs morts» — pour éviter le mot «tués» — qui ont péri dans les «affrontements avec les militaires israéliens».
The Washington Post lui fait écho: «Israël et les USA critiqués pour les morts parmi les Palestiniens dans les heurts à Gaza». Mais ces simples critiques sont bien loin d'avoir le poids d'une véritable condamnation, dont le signe a été le vote au Conseil des droits de l'Homme de l'Onu où 29 pays se sont prononcés en faveur de l'enquête sur les meurtres de Palestiniens à Gaza.
Puis, sur France 24 en anglais, la «Violence due à l'inauguration de l'ambassade US à Jérusalem fait plus de 50 morts». La chaîne reconnaît pourtant ensuite qu'ils ont été «tués par les forces israéliennes».
Mariam Barghouti, journaliste américano-palestinienne, martèle de son côté dans un article pour Newsweek: «Si l'on ignore les morts à Gaza, on est complice du massacre de notre peuple».
Dans le même temps, les utilisateurs des réseaux sociaux ne semblent pas massivement soutenir l'approche fortement défendue par l'ambassadrice américaine.
«C'est du racisme de blâmer les Palestiniens pour leurs morts. Gaza est une prison en pleine air avec une pauvreté désespérée, sans eau potable. L'apartheid d'Israël cause des souffrances humaines d'envergure», s'indigne-t-on sur Twitter, le nombre de commentaires de cette humeur toujours croissant.
«111 morts et un nombre impressionnant de blessés, 12.733, puis 3.569 victimes de balles réelles, tuées par les forces israéliennes pendant la Grande marche du retour palestinien. Aucun mort, ni blessé, signalé parmi les Israéliens — le mot "massacre" vient à l'esprit», ont fait remarquer d'autres, faisant allusion à la Nakba et commentant les statistiques publiées par Al-Jazeera pour la période comprise entre le 30 mars et le 14 mai.
«Trump va-t-il prendre des mesures contre les meurtriers? Ou va-t-il leur donner plus de balles?»
En outre, le cap pris par le gouvernement britannique n'est pas non plus apprécié: «Hier, le gouvernement de Theresa May a refusé de voter en faveur de l'enquête de l'Onu sur le meurtre de 60 personnes à Gaza, dont 8 enfants, l'un d'entre eux a été gazé à mort. Un échec moral», a-t-on jugé sur le Net.