Une équipe de scientifiques de l'université Johns-Hopkins de Baltimore a comparé les taux de mortalité à Mossoul lors de la domination de Daech* et lors du siège de la ville par les forces de la coalition internationale dirigée par les États-Unis. Il ressort de leur étude que les opérations de libération de la ville du joug de Daech* ont fait beaucoup plus de victimes parmi les civils que les djihadistes pendant les trois années de leur califat autoproclamé.
«Les frappes aériennes de la coalition ont été la raison principale de la mort des civils dont la majorité a péri dans la partie ouest de la ville. Le taux de mortalité lors du siège a été multiplié par 20, selon des évaluations moyennes, mais en réalité le nombre de victimes pourrait être encore plus élevé», écrivent Gilbert Burnham et ses collègues.
Les scientifiques ont réussi à parler à plus de 7.599 habitants de la ville dont plusieurs ont perdu des proches pendant des actions militaires à partir de la prise de la ville par le djihadistes le 4 juin 2014 jusqu'à sa libération en 2017. Selon eux, les djihadistes et les forces de la coalition ont tué près de 628 membres de leurs familles.
«Bien que les stratèges militaires de la coalition affirment que les raids aériens sur Mossoul étaient "les plus pointus de toute l'histoire militaire", l'intensité de ce conflit et le nombre de morts sont comparables à ceux de la Seconde Guerre mondiale. Alors que certains civils sont morts à proximité de cibles légitimes, ce qui est considéré comme «nécessité» par le droit international humanitaire (DIH), de nombreux civils ont été tués près de cibles d'une importance militaire douteuse, peut-être à cause de renseignements erronés ou périmés», estiment les auteurs de l'étude.
* Organisation interdite en Russie