Des experts turcs ont exprimé à Sputnik leur point de vue sur l'escalade des tensions entre les États-Unis et Israël d'une part et l'Iran de l'autre, ainsi que sur ses conséquences éventuelles pour la Turquie.
Le politologue Ozdemir Akbal estime que le «dégel» dans les relations entre les États-Unis et l'Iran pendant la lutte contre Daech* a pris fin et que les États-Unis, soutenus par leurs alliés anti-iraniens, Israël et l'Arabie saoudite, ont lancé une offensive contre Téhéran.
«…La diminution de la menace de Daech dans le nord de la Syrie a permis à l'Occident de remettre à l'ordre du jour la destitution d'el-Assad, ce qui était l'objectif initial des États-Unis. Dans ce contexte, les États-Unis, dont la coalition régionale est beaucoup moins influente que l'union entre la Russie et l'Iran, se sont vus obligés d'entreprendre des démarches énergiques pour renforcer leurs positions», a signalé M. Akbal.
Il a fait état de l'existence d'un conflit entre les intérêts des alliés traditionnels des États-Unis dans la région, à savoir Israël et l'Arabie saoudite, et l'idée de renforcement du pouvoir de (Bachar) el-Assad en Syrie et la reconnaissance de l'influence de l'Iran et de sa présence politique croissante en Méditerranée.
«Dans ces conditions, les États-Unis ont rendu publique leur décision sur le retrait de l'accord sur le nucléaire iranien», a conclu Ozdemir Akbal.
Un autre expert, le général de brigade de l'armée turque à la retraite, Naim Baburoglu, a déclaré à Sputnik que les actions de Washington et de Tel Aviv témoignaient que les États-Unis et Israël avaient commencé, de fait, une guerre contre l'Iran qui serait menée, à termes, sur deux fronts principaux: en Syrie et au Liban.
Selon lui, un autre objectif des Américains consiste à couper les liens entre l'Iran et le Liban.
«Un autre objectif consiste à empêcher l'aide au Hezbollah qui a formé un ‘‘croissant chiite'' de l'Iran jusqu'à l'Irak et du sud de la Syrie jusqu'au Liban. Cet objectif a été en partie atteint du fait que le territoire à l'est de l'Euphrate, soit environ 30% du territoire syrien, avait été placé sous le contrôle du Parti de l'union démocratique (PYD) kurde », a-t-il indiqué.
Le général à la retraite considère que l'escalade de tension entre les États-Unis, Israël et l'Iran menace également la Turquie.
Naim Baburoglu a ajouté que la meilleure position pour la Turquie serait, en l'occurrence, de critiquer la décision américaine sur le retrait de l'accord nucléaire et de faire comprendre à l'UE, à l'Otan et aux organisations internationales qu'elle était erronée.
*Organisation terroriste interdite en Russie