L’Iran entre deux feux: Israël et les USA font monter la tension, que dira Moscou?

Le Premier ministre israélien accuse Téhéran de poursuivre son programme nucléaire. Les allégations de M.Netanyahu arrivent au moment où Washington envisage d’adopter de nouvelles sanctions contre l’Iran. Ce n’est pas une pure coïncidence, estime Otfried Nassauer, expert allemand en matière d'armes nucléaires.
Sputnik

Les déclarations du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui a affirmé avoir des preuves que le Plan global d’action conjoint (JCPOA) sur le nucléaire iranien reposerait sur des «mensonges» de Téhéran, n’ont rien de nouveau, mais elles risquent de torpiller le JCPOA, a déclaré à Sputnik Otfried Nassauer, expert allemand en matière d'armes nucléaires du Centre d'information de sécurité transatlantique (BITS) implanté à Berlin.

«La présentation de M.Netanyahu contenait principalement des faits connus. Il parlait de documents signés avant 2003. En plus, il n’a fourni aucune preuve attestant que l’Iran avait cherché à développer des armes nucléaires après 2009», a indiqué M.Nassauer.

«L’éventualité d’une rupture de l'accord nucléaire avec l’Iran est grande»
Un représentant de l’AIEA a démenti les allégations d’Israël, indiquant qu’il n’existait aucune preuve tangible de travaux de conception d’une arme atomique en Iran après 2009. Mais Israël appelle, tout comme les États-Unis, à condamner l’Iran au niveau international.

«Le Premier ministre israélien Netanyahu considère l’Iran comme un ennemi juré depuis longtemps et son meilleur "assistant" dans les questions politiques intérieures. Il sait que la partie sunnite du monde arabe le soutiendra sur le dossier iranien. Quant à sa présentation, M.Netanyahu voulait probablement détourner l’attention des nombreuses difficultés politiques auxquelles il fait face, ainsi que de la frappe militaire contre la Syrie du 29 avril, dont Israël pourrait être l’auteur», a noté l’expert allemand.

Le 29 avril, des groupes de combattants pro-iraniens en Syrie situés dans les provinces d'Hama et d'Alep ont subi une attaque de missiles dont l'auteur n'a pas été identifié. Israël, qui a récemment bombardé à plusieurs reprises le territoire syrien, a refusé de commenter cette attaque. M.Netanyahu a évoqué le lendemain des «preuves» de l’existence d’une composante militaire dans le programme nucléaire iranien.

Accord nucléaire: Moscou invite Israël à remettre à l'AIEA les preuves que l'Iran a menti
La Russie n’a toujours pas réagi à l’attaque contre les unités pro-iraniennes en Syrie, son allié dans la lutte contre le terrorisme. Mais de l’avis de M.Nassauer, un conflit entre la Russie et Israël est peu probable.

«Je ne pense pas que la Russie souhaite l’aggravation de la situation en Syrie. Je crois que Moscou et Tel Aviv ont des contacts réguliers en prévision d’opérations militaires et échangent des informations pour éviter une confrontation directe», a estimé l’expert allemand.

Peu après l’intervention de M.Netanyahu sur Téhéran, l’administration du Président Trump a écrit sur Twitter: «l’Iran a un vaste programme de développement d’armes nucléaires». Plus tard, le mot «a» a été remplacé par «avait». Washington a expliqué cette modification par une faute de frappe. Même M.Netanyahu n’avait pas osé affirmer que Téhéran développe actuellement un programme nucléaire militaire.

«Il est à noter que la réaction des Américains a même dépassé les accusations israéliennes», rappelle l’expert.

Pourquoi Washington n’a pas le droit de violer l’accord nucléaire avec l’Iran
Formulées au moment où les États-Unis pourraient adopter de nouvelles sanctions contre l’Iran, les allégations d’Israël peuvent servir de prétexte pour l’administration américaine de se retirer du JCPOA, rappelle l’expert.

Néanmoins, rien n’est certain avec le Président Trump.

«Je ne suis toujours pas sûr que M.Trump renonce à l’accord avec l’Iran. Sa politique est imprévisible, mais elle est souvent appelée à pousser des pays à des concessions par des menaces. L’évolution de la situation sur la péninsule de Corée peut inciter M.Trump à […] mener la même politique à l’égard de l’Iran», a conclu l’expert.

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