Il s'avère qu'Emmanuel Macron a été dans l'incapacité d'obtenir gain de cause sur quelques grands dossiers que ce soit. De ce point de vue, cette visite est un échec. Mais il y a pire. En matière d'image, cette visite a été une catastrophe. Les photos montrant le Président français soit dans une position ridicule soit dans une position de soumission face à son homologue américains, même si elles ne traduisent pas nécessairement une réalité, circuleront massivement. Emmanuel Macron a commis, avec ce voyage, sa première faute majeure.
L'accord avec l'Iran
Sur l'accord avec l'Iran, où les enjeux étaient de taille, Emmanuel Macron a subi un échec évident. Cet accord avait, pourtant, stabilisé la situation (1). Qu'il y ait eu des points complexes, et des points de compromis, dans cet accord est une évidence. Mais, il en va de même dans tout accord (2).
Donald Trump avait annoncé, dès sa campagne, qu'il voulait sortir de cet accord et le remettre en cause. On en saura plus le 12 mai. Sur ce point précis, la France était sur la même position que la Russie, dont le Ministre des affaires étrangères, M. Lavrov, a déclaré il y a peu que si Donald Trump sortait de l'accord, il pourrait bien être le père du nucléaire iranien. La déclaration de Trump, sur laquelle Macron a donné son accord, de « renégocier » l'accord montre qui a gagné sur ce point. Une « renégociation » est toujours extrêmement difficile sur des sujets aussi délicats que la question du nucléaire. De plus, les derniers actes des Etats-Unis, et hélas de la France, comme les frappes en Syrie, ne peuvent que convaincre les dirigeants iraniens que seul un armement nucléaire les mettra à l'abri des foucades des pays occidentaux. De ce point de vue, on n'a hélas pas fini de mesurer ce que cette action, illégale au regard du droit international, aura comme conséquences en matière de prolifération. Dans ces conditions, on peut penser que les dirigeants iraniens seront beaucoup moins flexibles dans toute nouvelle négociation qu'ils ne l'avaient été de 2013 à 2015, lors de la négociation de l'accord. Surtout, l'idée même d'une « renégociation » implique que le traité existant est caduc.
Trump, Macron et le multilatéralisme
Sur cette question aussi, Emmanuel Macron a largement échoué à faire changer Donald Trump d'opinion. Ce dernier considère, et on ne peut lui donner tort, que ses déclarations fracassantes ont déjà produit des résultats. Et, de fait, on constate que la Chine commence à modifier ses tarifs commerciaux sur les automobiles. On a pu plaisanter sur la « politique Twitter » de Donald Trump; mais on découvre en réalité que cette politique donne des résultats. Et, l'image qui se dégage de Trump est bien différente de celle que nous servent à satiété, et jusqu'à l'écoeurement, les grands médias, qu'ils soient français ou américains. Que le Président des Etats-Unis soit un personnage brutal, réactionnaire, avec un goût prononcé pour la provocation est certain. Mais il n'est pas l'imbécile ou l'irresponsable que se plaisent à décrire les grands journaux, de Paris ou de la Cote Est!
Une erreur d'échéancier
Si Emmanuel Macron a pensé qu'il pourrait se présenter en défenseur des « grands principes », il a manifestement erré. Car, la France est sur ce point isolée. Elle ne pourrait retrouver une certaine capacité de peser sur les décisions américaines que si elle s'associait aux puissances qui contestent aujourd'hui la politique des Etats-Unis, c'est à dire la Chine et la Russie. Et, de ce point de vue, on peut penser qu'Emmanuel Macron aurait bien mieux fait de commencer par une visite à Moscou avant d'aller voir Trump. Cette erreur dans l'échéancier des visites, car il est prévu qu'il rencontre Vladimir Poutine en juin, doit être expliqué. D'une part, Emmanuel Macron participe de cette campagne de certains des milieux occidentaux visant à « démoniser » la Russie. Il a cru renforcer sa position face à Vladimir Poutine, qu'il rencontrera probablement en juin. Mais, en fait, il se présentera, face à lui, affaiblie par ses échecs aux Etats-Unis.
Le choc des images
(1) http://www.parisschoolofeconomics.eu/docs/haidar-jamal-ibrahim/sanctions.pdf
(2) Joyner D.H., Interpreting the Non-Proliferation Treaty, Londres, Oxford University Press, 2011
(3) Sapir J., La Démondialisation, Paris, Le Seuil, 2010.
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