Au moment où la Chine est en train de devenir la partenaire privilégiée d'un grand nombre de pays d'Afrique et que la Russie confirme son retour sur le continent, l'Occident politique ne cache pas sa vive inquiétude. Et il y a de quoi. Car au-delà de la puissance sino-russe, ce dont il faut tenir compte en premier lieu, c'est de la volonté des Africains eux-mêmes. Il s'agit de leurs pays respectifs, de leur continent, de leur avenir.
Le franc CFA est une autre pierre d'achoppement entre Paris et le continent africain, la majorité de panafricanistes considérant cette monnaie comme l'une des principales émanations du néocolonialisme en Afrique. Il y a bien sûr aussi le non-respect de la souveraineté africaine et l'ingérence non voilée dans les affaires intérieures de plusieurs pays, comme en Côte d'Ivoire, en Libye, au Mali, en Centrafrique, au Cameroun et bien d'autres. D'ailleurs, les récents événements en Syrie ont une fois de plus montré aux yeux de l'opinion internationale, y compris africaine, ce que représentait la politique internationale «française».
On n'y croise pas d'Angolais, de Namibiens ou d'Équato-Guinéens. Pourquoi, me direz-vous? Car il y a une différence majeure entre les pays en question: ces derniers assument leur souveraineté et leurs dirigeants ont pu faire profiter leurs populations des dividendes des ressources naturelles nationales. Les premiers, pourtant eux aussi très riches en termes de matières premières, voient la France, ou plutôt l'élite atlantiste de l'Élysée et ses affidés, les piller sans vergogne, ce qui pousse leurs citoyens, notamment la jeunesse, à aller chercher une vie meilleure ailleurs, y compris au péril de leur vie.
Et il y avait aussi la Jamahiriya libyenne de Kadhafi, qui pouvait se permettre d'accueillir un bon nombre de ces migrants et de leur offrir une vie décente sur le continent africain, sans avoir à traverser la Méditerranée. Mais cela, c'était avant. Avant que des personnages tels que Sarkozy ou Bernard Henri-Levy ne transforment ce pays tantôt prospère en une nouvelle zone de chaos et d'extrémisme.
Mais le monde a déjà beaucoup changé, continue de changer et continuera de changer. Dans cette nouvelle optique, et vu de ce que pense la grande majorité de la rue africaine, de Bamako à Bangui et d'Abidjan à Douala, les forces néocoloniales finiront par perdre pied. Pas de doute là-dessus. Les puissances partisanes du monde multipolaire, elles, continueront de coopérer avec l'Afrique dans le strict respect de sa souveraineté, de ses traditions et de ses valeurs. C'est aux Africains que de choisir leurs partenaires. Pas à Washington, Paris ou Londres. Cette normalité deviendra réalité dans un avenir proche.
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