Les USA «rapprochent» Moscou et Pyongyang

Le ministre nord-coréen des Affaires étrangères s’est rendu à Moscou. L’analyse du quotidien Kommersant.
Sputnik

Un invité rare était à Moscou hier: le ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong-ho, écrit mercredi 11 avril le quotidien Kommersant. Pendant son entretien avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, il a annoncé que la situation autour de la Russie et de la péninsule coréenne nécessitait un «renforcement de la coopération et des communications stratégiques» entre Moscou et Pyongyang. Le chef de la diplomatie nord-coréenne faisait certainement allusion à la confrontation des deux pays avec les États-Unis. A l'issue de l'entretien, il a été annoncé que la Russie et la Corée du Nord comptaient développer leurs contacts économiques et sociaux, et ce malgré les neuf résolutions de sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies contre la Corée du Nord pour lesquelles Moscou a voté.

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A l'issue des pourparlers, le ministre nord-coréen a refusé de participer à la conférence de presse traditionnelle et Sergueï Lavrov a donc dû répondre seul aux questions des journalistes. Il a annoncé que pendant l'entretien avait été évoquée la situation sur la péninsule coréenne en prévision du troisième sommet intercoréen prévu le 27 avril, et l'éventuelle rencontre des dirigeants des USA et de la Corée du Nord, ainsi que la coopération bilatérale. Le ministre russe a précisé que les dirigeants de la Russie et de la Corée du Nord échangeaient régulièrement leurs avis sur les thèmes d'actualité, et que Pyongyang soutiendrait la participation de Moscou aux négociations à Six sur la Corée du Nord si elles étaient relancées.

Le ministre russe s'est dit satisfait de voir que l'«évolution réelle de la situation autour de la Corée du Nord s'effectuait dans le cadre de la feuille de route sino-russe», qui implique simultanément le gel des essais nucléaires et balistiques de la Corée du Nord et la suspension des exercices militaires américano-sud-coréens suivis de l'ouverture des négociations entre Washington et Pyongyang. Selon Sergueï Lavrov, cela doit déboucher sur un «accord multilatéral entre tous les pays de l'Asie du Nord-Est sur la sécurité, et notamment concernant la dénucléarisation de la péninsule coréenne».

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Les deux ministres ont également abordé le développement des échanges entre les deux pays, qu'il est assez difficile d'accroître dans la mesure où neuf résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies interdisant l'achat à la Corée du Nord de 90% de sa nomenclature d'exportations ont été adoptées entre 2016 et 2018. Sergueï Lavrov a reconnu qu'il fallait faire évoluer les contacts «dans les conditions des décisions prises par le Conseil de sécurité des Nations unies». «Les deux pays ont conscience de la nécessité de travailler dans ce cadre», a ajouté le ministre. Fin 2017, les échanges entre la Russie et la Corée du Nord ont augmenté de 1,3% pour atteindre 77 millions de dollars.

Comme l'a expliqué une source informée de Moscou, les principaux thèmes abordés ont été le règlement du problème des paiements, la construction du pont sur le fleuve Tumen séparant les deux pays, ainsi que la question relative aux quotas pour les travailleurs nord-coréens. Cette dernière est la plus d'actualité: en 2017, la Russie avait fixé un quota de 48.000 travailleurs nord-coréens dans le pays. Fin 2017, une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies avait ordonné d'expulser la main d'œuvre nord-coréenne du pays, mais avec un délai de mise en application pour ceux qui avaient déjà signé des contrats de travail à durée déterminée. Néanmoins, les quotas pour les Nord-Coréens en 2018 n'ont pas été validés par le ministère du Travail et, quand leur autorisation de travail d'un an est arrivée à expiration les travailleurs ont dû rentrer, même si de facto ils pouvaient travailler jusqu'à fin 2019. Le travail à l'étranger est une importante source de devises étrangères pour la Corée du Nord, c'est pourquoi le thème du rétablissement des quotas est évoqué à chaque entretien.

Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur de l'article repris d'un média russe et traduit dans son intégralité en français.

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