Un invité rare était à Moscou hier: le ministre nord-coréen des Affaires étrangères Ri Yong-ho, écrit mercredi 11 avril le quotidien Kommersant. Pendant son entretien avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, il a annoncé que la situation autour de la Russie et de la péninsule coréenne nécessitait un «renforcement de la coopération et des communications stratégiques» entre Moscou et Pyongyang. Le chef de la diplomatie nord-coréenne faisait certainement allusion à la confrontation des deux pays avec les États-Unis. A l'issue de l'entretien, il a été annoncé que la Russie et la Corée du Nord comptaient développer leurs contacts économiques et sociaux, et ce malgré les neuf résolutions de sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies contre la Corée du Nord pour lesquelles Moscou a voté.
Le ministre russe s'est dit satisfait de voir que l'«évolution réelle de la situation autour de la Corée du Nord s'effectuait dans le cadre de la feuille de route sino-russe», qui implique simultanément le gel des essais nucléaires et balistiques de la Corée du Nord et la suspension des exercices militaires américano-sud-coréens suivis de l'ouverture des négociations entre Washington et Pyongyang. Selon Sergueï Lavrov, cela doit déboucher sur un «accord multilatéral entre tous les pays de l'Asie du Nord-Est sur la sécurité, et notamment concernant la dénucléarisation de la péninsule coréenne».
Comme l'a expliqué une source informée de Moscou, les principaux thèmes abordés ont été le règlement du problème des paiements, la construction du pont sur le fleuve Tumen séparant les deux pays, ainsi que la question relative aux quotas pour les travailleurs nord-coréens. Cette dernière est la plus d'actualité: en 2017, la Russie avait fixé un quota de 48.000 travailleurs nord-coréens dans le pays. Fin 2017, une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies avait ordonné d'expulser la main d'œuvre nord-coréenne du pays, mais avec un délai de mise en application pour ceux qui avaient déjà signé des contrats de travail à durée déterminée. Néanmoins, les quotas pour les Nord-Coréens en 2018 n'ont pas été validés par le ministère du Travail et, quand leur autorisation de travail d'un an est arrivée à expiration les travailleurs ont dû rentrer, même si de facto ils pouvaient travailler jusqu'à fin 2019. Le travail à l'étranger est une importante source de devises étrangères pour la Corée du Nord, c'est pourquoi le thème du rétablissement des quotas est évoqué à chaque entretien.
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