Une équipe de correspondants de la chaîne russe Ren TV a réussi à prendre des images dans l'hôpital où est soigné Sergueï Skripal, l'ex-agent double empoisonné à Salisbury. Contraints d'effacer tout ce qu'ils avaient filmé, les journalistes ont quand même réussi, avec l'aide de spécialistes, à obtenir une copie technique de la vidéo.
La première chose qui saute aux yeux est que le personnel circule dans un uniforme médical habituel. Qui plus est, rien n'évoque le danger que pourraient courir les médecins et les visiteurs. Or l'hôpital héberge un patient victime d'un empoisonnement très sérieux, à en juger d'après les déclarations des autorités britanniques.
Aucun policier de service. Les deux agents croisés dans le couloir ne font que hausser les épaules quand les journalistes leur demandent où il est possible de préciser l'état de santé de Sergueï Skripal. Puis ils partent, cédant la place aux vigiles qui, eux, sont beaucoup moins aimables. Il a fallu cesser de filmer, car ils se sont tout simplement jetés sur l'équipe de tournage.
Pourtant, la police qu'ils ont appelée n'avait aucune question à poser aux journalistes.
La fille de l'ex-espion, Ioulia, qui a pu quitter l'établissement la veille, a disparu. La direction de l'hôpital affirme qu'elle se trouve «dans un endroit en sécurité». Le ministère russe des Affaires étrangères exige de lui fournir des preuves du départ volontaire de la citoyenne russe.
Le moindre détail concernant l'enquête est refusé à la Russie. Selon toute évidence, Sergueï Skripal disparaîtra tout aussi mystérieusement.
La Russie a toujours démenti les allégations de Londres. Début avril, les chercheurs du laboratoire britannique de Porton Down ont reconnu ne pas être en mesure d'établir le pays d'où provenait l'agent innervant utilisé dans cette tentative d'assassinat. Le gouvernement russe a demandé à Londres à plusieurs reprises de lui permettre de participer à cette enquête.