Elon Musk proche d'une faillite déshonorante

L'agence de notation Moody's a décidé de frapper Elon Musk et sa compagnie Tesla Motors dans le dos. La note de la société a été revue à la baisse jusqu'à B3 avec un pronostic négatif, et celle de l'émission la plus récente d'obligations (août 2017) a été abaissée à Caa1.
Sputnik

Les outils financiers et les compagnies recevant de telles notes sont appelés, dans le jargon financier, «junk» (ou «pourris»), ce qui insinue que les investisseurs doivent avoir une tolérance accrue au risque et être moins capricieux. C'est pourquoi tout investissement dans de telles compagnies et obligations est assimilé à un «plongeon dans la benne à ordures» ou «dumpster diving» et fait souvent l'objet de caricatures dans les médias d'affaires.

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Bruce Clark, analyste de l'agence Moody's, explique pourquoi la note de la société d'Elon Musk a été revue à la baisse: «Les notes de Tesla reflètent de sérieuses lacunes en termes de vitesse de fabrication des voitures Model 3, ainsi que des problèmes de liquidités à cause d'un flux monétaire négatif élevé et de l'approche des remboursements de dettes». Traduction: «Tesla fabrique peu de voitures, perd constamment de l'argent et bientôt la compagnie devra rembourser ses dettes, mais n'a pas les fonds nécessaires».

Il n'est donc pas étonnant que sur ce fond médiatique, les actions de Tesla Motors aient chuté de presque 15% en une semaine. Il n'y a pas d'opérations boursières aux USA aujourd'hui, mais la semaine prochaine s'ouvrira également par une chute, parce qu'après la clôture du marché la compagnie a annoncé le rappel de 120.000 voitures à cause d'un problème au niveau du système de contrôle, qui pourrait représenter un risque physique pour les propriétaires de Tesla.

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Les analystes de l'agence de presse Bloomberg ont calculé la vitesse avec laquelle Tesla Motors perdait de l'argent. Selon eux, la création d'Elon Musk «brûle» un peu plus de 6.500 dollars à la minute — et elle le fait 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an. Les fonds sur ses comptes s'épuiseront d'ici la fin de l'année, tout en sachant qu'il s'agit d'argent emprunté qu'il faudra rembourser. Pour redresser la situation, l'administration est passée aux méthodes utilisées auparavant dans les pays socialistes et ne sont pas habituelles pour une société privée. La direction de Tesla Motors appelle les travailleurs de ses usines à accélérer la production des voitures pour remplir le plan pour le premier trimestre 2018 et montrer aux ennemis de la compagnie à quel point ils ont tort. Les chances que les employés d'Elon Musk, dans un élan commun, changent le rythme de production sont illusoires, notamment parce que Tesla Motors traite très mal son propre personnel. En dépit de l'image d'une compagnie de haute technologie, «hispter», moderne et socialement responsable, travailler pour Elon Musk est un plaisir largement inférieur à la moyenne, comme en témoignent les nombreuses plaintes des travailleurs publiées dans les médias occidentaux.

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Un article paru dans The Guardian en 2017 décrit les conditions assez inhumaines de ce travail dans la production de voitures électriques. La prétendue «usine du futur», qui a été inaugurée en grande pompe par Elon Musk en personne, est en réalité plus proche des modèles industriels du XIXe siècle remarquablement décrits dans les œuvres de Dickens: des centaines d'appels d'ambulance par an et des heures supplémentaires à effectuer malgré la fatigue et les traumatismes.

Selon The Guardian, dans cette «usine du futur» se produisent des centaines d'incidents liés à la sécurité des employés — hormis les traumatismes reçus pendant la production, ils se plaignent d'«évanouissements, nausées, tremblements, troubles respiratoires et douleurs dans la poitrine».

«J'ai vu des gens simplement tomber dans les pommes, ils s'effondraient sur le sol comme une crêpe sur la poêle, le visage en sang», raconte un technicien de Tesla, Jonathan Galescu, cité par le jounral. «Ils (administrateurs) nous renvoyaient simplement poursuivre le travail en contournant la personne tombée alors qu'elle était encore au sol», ajoute-t-il. Dans ces conditions il ne faut pas s'attendre des travailleurs de Tesla Motors à une meilleure productivité ou une grande qualité du travail. Ce qui n'empêche pas pour autant les responsables d'essayer de les appeler à la «fierté corporative» et à la joie supposée de participer à la création de «voitures qui améliorent le monde».

L'entreprise d'Elon Musk s'est déjà retrouvée au seuil de la faillite plusieurs fois, mais à chaque fois une campagne de communication réussie, des récits élogieux dans les médias et une nouvelle portion d'investisseurs voulant «se joindre au génie et investir dans l'avenir» prolongeaient la vie de sa compagnie. Un tel scénario pourrait probablement le sauver une fois de plus, mais pour l'instant l'avenir paraît extrêmement sombre.

«Les choses empirent de jour en jour, déclare Bill Zox, responsable du département d'investissement des obligations du fonds Diamond Hill Investment Group, à l'agence Bloomberg. Tesla se trouve dans un cycle négatif qui se poursuit de lui-même. Tout le monde est inquiet», a-t-il ajouté.

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Jack Flaherty, responsable du portefeuille du fonds allemand GAM Holding AG, partage les dispositions négatives des investisseurs: «Tout le monde regarde dans l'abîme. Ils s'attendent à ce que la situation devienne incontrôlable. La compagnie est clairement au bord du gouffre.»

La situation se complique d'autant plus que même les collaborateurs les plus proches d'Elon Musk fuient le navire. Ces derniers mois, Tesla Motors a été «abandonnée» par son chef comptable, son directeur du développement des affaires, son directeur financier et plusieurs autres cadres haut placés. En règle générale, un tel comportement est l'un des principaux signes que la compagnie est prête à faire naufrage et qu'il est fort probable qu'elle rencontre des problèmes avec la justice à cause d'une «attitude créative envers la comptabilité financière».

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Grâce aux efforts d'un certain segment des médias d'affaires russes et d'autres «leaders d'opinion publique à la mode», il existe en Russie un véritable culte voué à Elon Musk, aux voitures Tesla et tout ce qui y est associé. De manière informelle, les investisseurs russes déplorent souvent la présence, sur le marché boursier russe, de compagnies essentiellement du genre de Rosneft et Gazprom, jugées ennuyeuses, et non de compagnies glamour comme Tesla Motors. Beaucoup de jeunes se plaignent du fait qu'il n'y a pas, en Russie, d'employeurs aussi merveilleux, inspirants et «high tech» qu'Elon Musk. En fait, la source de l'«image inspirante» ne correspond pas à des exploits réels, mais bien à des campagnes de pub ou des vidéos bien réalisées. C'est affligeant. Tout comme le fait que ces fans d'Elon Musk critiquent l'industrie de l'armement russe (très high tech) simplement parce que ses vidéos de présentation «n'atteignent pas» le niveau de la campagne médiatique visuelle d'Elon Musk.

Il faut chercher une solution pour y remédier. Par le passé, l'URSS a été vendue et trahie pour «300 sortes de saucisson», mais le saucisson, au moins, peut être mangé. Alors qu'aujourd'hui nous nous approchons d'une situation où une partie de la société est prête à briser le système social au nom de «belles vidéos», ce qui est consternant. En dépit des appels des amateurs du nouveau et de l'occidental, l'État russe ne devrait certainement pas «copier Musk» et investir de l'argent dans l'apparition de ses analogues russes. En revanche, il aurait fallu encore hier investir de l'argent pour apprendre à la société à faire la différence entre la réalité d'une part et le virtuel et la publicité de l'autre. Aujourd'hui, c'est pratiquement une question cruciale de sécurité nationale à long terme.

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